Le communiqué d’Adrien Quatennens qu’on aurait aimé lire

“Suite à la révélation par le Canard enchaîné d’une main courante déposée par mon épouse, je suis obligé de m’expliquer au sujet de violences conjugales que j’ai commises et qui sont en totale contradiction avec l’engagement féministe que j’affiche.

Oui, j’ai bien donné une gifle à ma compagne il y a plusieurs mois et je n’ai pas eu le courage à l’époque d’en parler publiquement ni d’en tirer les conséquences.

Oui, plus récemment, lorsqu’elle m’a fait part de son intention de divorcer, je lui ai pris le poignet et j’ai essayé de lui prendre de force son téléphone, à la suite de quoi elle est allée déposer une main courante. Certes, elle a émis le souhait qu’il n’y ait pas de suites judiciaires et a fait cette démarche pour poser un jalon dans le cadre d’un divorce conflictuel, mais je mesure à présent que cela ne change rien au problème de fond.

Je ne vais pas m’abriter derrière les circonstances de la dispute ni derrière mon dépit d’être quitté. Je comprends bien d’ailleurs que le fait de lui avoir un jour donné une gifle est en soi pour mon épouse une excellente raison de me quitter, quand bien-même je dois respecter son choix quelles que soient les raisons et quoi que j’en pense.

Je ne vais pas non plus dire : “je ne suis pas violent”, “ce geste, ce n’est pas moi, c’était exceptionnel”. J’ai cru ne pas être violent parce que j’étais capable de ne pas coller de baffe à mes contradicteurs sur les plateaux télé, parce que je n’ai violé personne ni obligé personne à m’accorder ses faveurs en profitant de mon pouvoir d’élu, mais ne pas avoir été capable de retenir ma main contre ma compagne lors d’une dispute fait bien de moi un homme violent, reproduisant dans son foyer les schémas désormais bien connus de la masculinité toxique.

J’en prends conscience aujourd’hui et je m’engage à employer toutes mes forces à faire un travail sur moi-même, avec l’aide de professionnels, pour déconstruire les causes profondes de ce passage à l’acte et veiller à ce que plus jamais une femme n’ait à souffrir de ma violence. Je demande bien évidemment pardon à ma victime qui n’est en rien responsable des conséquences de cette affaire sur ma vie politique ni des éventuelles suites judiciaires.

Je comprends aussi qu’il me devient difficile d’être député et porte-parole d’un mouvement féministe sans avoir prouvé à toutes et tous ma prise de conscience et ma réelle volonté de changer, faute de quoi ce mouvement perdrait beaucoup en crédibilité. Inutile de chercher à faire diversion en glosant sur les fuites policières et la malveillance des médias et des réseaux sociaux. C’est à nous, militant.e.s de l’émancipation, de ne pas offrir de prise au régime injuste et patriarcal que nous combattons. Il n’a aucune raison de nous faire de cadeau. Nous ne lui en ferons pas non plus et je n’attendrai pas une décision de la justice bourgeoise pour faire ce qui est nécessaire.”

Malheureusement, c’est un autre communiqué que le camarade Quatennens a publié, et il n’est pas satisfaisant. Il n’est peut-être pas trop tard pour faire mieux ?

Salaire à vie

“Le “salaire à vie”, c’est la rémunération inconditionnelle de tous, rémunération attachée non pas à quelque contribution assignable mais à la personne même, pour ainsi dire ontologiquement reconnue comme contributrice, indépendamment de toute contribution particulière. “Etre à la société” (comme on dit être au monde), c’est en soi apporter à la société, tel est le postulat onto-anthropologique du “salaire à vie”.

C’est une idée extrêmement forte, qui circonvient l’objection libérale par excellence : “payez-les sans contrepartie, ils ne feront rien”. Mais bien sûr que si, “ils” feront quelque chose. Ils feront quelque chose parce que “nulle chose n’existe sans que de sa nature ne s’ensuive quelque effet” (Spinoza, Ethique I, 36). C’est peut-être une accroche inattendue, et à certains égards baroque, que celle de l’ontologie spinoziste et des thèses de Friot, mais elle me semble on ne peut plus justifiée, ceci parce que le conatus est fondamentalement élan d’activité, élan de faire quelque chose, donc de produire des effets. Toute la discussion en réalité porte sur le “rien” de “ils ne feront rien”. Car, pour un un libéral-capitaliste, “rien” désigne cette sorte d’effets qui échappe à la grammaire de la valorisation du capital. Là contre, ce que dit l’anthropologie implicite de Friot, c’est qu’être à la vie sociale, c’est ipso facto nourrir la vie sociale : c’est contribuer à ses flux de conversation, de sociabilité, de créativité, de réalisation. Les gens ont envie de faire des choses — ça s’appelle le désir. Dans le flot d’activité de quiconque (évidemment dans le périmètre des actes légaux), il y a toujours quelque bénéfice pour la société. Et la contrepartie d’une rémunération est constituée. Le “salaire à vie”, c’est donc l’abolition du travail capitaliste et de son institution centrale : le marché de l’emploi.

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Violence

“C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense.”

Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté, 1996

Sondage : près de 30% des Français comprennent les violences du 16 mars !

… mais 86% ne comprennent pas les violences de l’Etat macroniste et des capitalistes.

Une fois n’est pas coutume, nous allons commenter les horoscopes, notamment un sondage de l’institut ELABE pour BFMTV (pour notre plus grand étonnement, il paraît que la télévision existe toujours en 2019 et qu’il y a toujours des gens qui la regardent : incroyable ! putain, je suis sur le cul, merde quoi, comment est-ce possible ?).

Bien sûr, BFMTV ne titre pas de la même manière que nous et insiste sur le fait que 84% des Français condamneraient les “violences” dont le gouvernement prend prétexte pour porter atteinte au droit de manifester et pour renforcer la répression contre un mouvement social auquel il n’a évidemment strictement aucune réponse à apporter. Depuis ce samedi 16 mars, les médias du Capital ne nous auront pas épargné le storytelling antisocial sur les “casseurs”, barbares réputés sans foi ni loi, et sans autre but que la destruction (4 mois de manifestations avec des revendications traitées systématiquement par le mépris et une répression hors-norme n’étant jamais considérés comme une cause possible de ces “violences”), et sur les malheureuses victimes de la casse qui auraient “tout perdu”, la palme de la manipulation revenant peut-être à un article de La Croix sur les kiosquiers qui va jusqu’à essayer de faire larmoyer le lecteur avec l’histoire d’un enfant privé de la vue des kiosques (qu’il aurait voulu voir par-dessus tout) ou celle d’un kiosquier victime d’un infarctus en découvrant les dégâts à la télé. Aucune allusion aux causes des affrontements et destructions : l’arrogance et la surdité de Macron, la violence policière (dénoncée par l’ONU, le Parlement européen, le Conseil de l’Europe, Amnesty International), les ordres donnés aux flics de s’en tenir à la sécurité de l’Elysée et donc de laisser les Champs sans protection…

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