Situation n°20 : “Jour après jour”

Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA
Extrait de l’album “Not Dead” (2011-2070)
Paroles & musique : Siegfried G
Musicien :
Siegfried G : voix
, banjoline, basse, guitares, percussions, programmation
Illustration : Serge Victor G
Paroles :

Jour après jour
On fait tout pour
Oublier
Qu'on vieillit
Oublier
Qu'on vieillit

Nuit après nuit
La nuit raccourcit
Et s'allonge
L'ennui
Et s'allonge
L'ennui

Nous sommes en 2024. Comme deux ans plus tôt (voir Situation n°6), l’ordinateur que tu utilises pour enregistrer, arranger et mixer ta musique est en rade. Un sosie de Richard Stallman avait pourtant remplacé (après avoir essayé en vain de le réparer) ton défunt Power Mac G5 de 2005 par un superbe Mac Pro bien plus moderne, puisque datant de… 2009, excusez du peu. Mais voilà, après deux ans de bons et loyaux services, l’antiquité de luxe clignote au démarrage, et puis… plus rien. Comme il n’est pas dans tes moyens d’acquérir une bécane neuve (sans compter les logiciels et carte son), il va te falloir retourner vers le bidouilleur barbu, ce qui risque de prendre un certain temps…

Heureusement, avant le plantage, tu venais juste de terminer le mixage de “Jour après jour”. La ligne de basse vient d’une impro en répèt avec Crème Brûlée en décembre 20O7, période où le groupe venait juste de se reconstituer avec Alessandro V et Stéphane P, et où tu prenais parfois la basse en attendant d’avoir à nouveau un vrai bassiste dans le groupe. Cette ligne t’avait aussi servi sur scène en 2008, à La Condition Publique de Roubaix, à improviser un interlude avec le batteur de w[n]e, pendant que Loran, le guitariste (voir Situation N°10), changeait une corde de sa guitare cassée au beau milieu du concert.

Continuer la lecture de « Situation n°20 : “Jour après jour” »

“Sirène”, nouveau titre de Siegfried G

Sirène de New Quay, Pays de Galles. Photo de Serge Victor G

Après “Le poivrot“, publié en 2022, puis “Le Titanic” et “Ici ou ailleurs” (dont la genèse a été racontée dans “Situations“) publiés en 2023, nous terminons l’année avec un nouveau morceau de l’album “Not dead” de Siegfried G. “Sirène“, dont la piste instrumentale de piano Wurlitzer avait déjà été publiée en 2007, est un morceau écrit et composé dans les années 1990. La perte des pistes instrumentales jouées sur séquenceur Roland JW-50 est racontée dans Situation n°6. Mais cet arrangement orchestral a pu être récupéré en 2022, et la partie vocale enfin être enregistrée, avec ajout d’une guitare et mix final. Voici une occasion d’entendre un cinquantenaire essayer de chanter aujourd’hui comme Charlotte Gainsbourg en 1986. Bonne écoute.

Paroles

Te souviens-tu petite sirène
De ces nuits sous la lune
Quand tu courais à perdre haleine
Perdue dans la brume ?
Je te cherchais parmi les pierres
Et j’en perdais le nord
Au milieu des stèles funéraires
Sans respect pour les morts.

Quand je te retrouvais dans l’ombre
Tu n’avais pas l’air si déçu.
Nous nous allongions sur la tombe
D’un soldat inconnu.

Tous ces morts ont-ils de la peine ?
Ils n’entendent plus ta voix.
Nos jeux leur semblaient-ils obscènes
Du fond de leur trépas
Peut-être attendent-ils la nuit
Où tu les rejoindras
Pour mettre fin à leur oubli
Peut-être même y es-tu déjà ?

Si un jour dégoûté du monde
Je constate que je n’en peux plus
Je m’allongerai sur la tombe
De ce soldat inconnu.

Te souviens-tu petite sirène
Quand tu courais à perdre haleine ?
Je te cherchais parmi les pierres
Au milieu des stèles funéraires…

Si un jour dégoûté du monde
Je constate que je n’en peux plus
Je m’allongerai sur la tombe
De ce soldat inconnu.

Licence de diffusion

Paroles & musique : Siegfried G
Siegfried G : voix, guitare, claviers, programmation

Extrait de l’album de Siegfried G : “Not Dead (Crème Brûlée hors-série n°3)

Photo : Serge Victor

Situation n°17 : “Ici ou ailleurs”

Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA 
Extrait de l’albumNot Dead” (2011-2070)
Paroles & musique : Siegfried G
Musicien :
Siegfried G : voix, guitare, guitare à 12 cordes, claviers, programmation, mix
Paroles :

Est-ce l’ennui
Ou le manque d’appétit
Qui m’assomme
Et me vole
Mon énergie?

Est-ce la solitude
Fâcheuse habitude
Qui menace
De m’effa-
cer d’ici

A quoi bon être ici ou ailleurs
Si c’est toujours la même peur
Qui me tord
Les nerfs et qui me serre le coeur

Est-ce lassitude
Ou pure décrépitude
Que d’arriver à cet âge
Pour enrager davantage
Chaque jour

L’ironie du sort
Me donne tous les torts
Chaque soir je tourne autour
De l’abattoir et j’attends
Mon tour

A quoi bon être ici ou ailleurs
Si c’est toujours la même peur
Qui me tord
Les nerfs et qui me serre le coeur

Même la douleur qui m’envahit
Est fade sans saveur et sans vie
A l’heure où les plaisirs sont gris
Rien n’est plus précieux que l’oubli.

Nous sommes en 2023, mais aussi en 2022, mais aussi en 1997, ou peut-être 1996 voire 1995.

Nous sommes en 2023. Tu publies le titre “Ici ou ailleurs“, terminé en 2022 mais mis en attente de publication pour laisser couler “Le Titanic” qui ne fut terminé qu’en 2023, comme tu l’as raconté dans l’épisode 15 de ces “Situations”. Pour des raisons obscures, tu pensais en effet que “Le Titanic” devait être mis avant “Ici ou ailleurs” sur l’album évolutif “Not dead” qui rassemble depuis 2011 différents titres, le plus souvent inédits, conçus à l’origine pour le groupe Crème Brûlée (ou groupes antérieurs), d’où le sous-titre “Crème Brûlée hors-série n°3”. Tous les albums que tu as sortis en solo sous le nom de Siegfried G portent d’ailleurs la mention “Crème Brûlée hors-série”, sauf l’album “Particules” de 2005, qui, pourtant, comportait deux morceaux que tu jouais sur scène avec Crème Brûlée (“Du haut de la roche Tarpéienne” et “Jim“). Mais en 2005, Crème Brûlée n’existait plus et tu n’avais plus à présenter tes expérimentations solo comme une excroissance du groupe. En 2011, quand tu as commencé le projet “Not dead”, le groupe était bien mort, malgré une éphémère résurrection entre 2007 et 2010, mais y faire référence te permettait d’exorciser le sentiment d’inachevé que t’avait laissé l’expérience, et tu as conservé cette mention bien qu’il n’y ait plus vraiment de chances que le groupe se reconstitue un jour, tant les liens se sont distendus. Et si tu te décidais à appeler Stéphane ? Mais la dernière fois que tu lui as laissé un message, après plusieurs années sans se voir ni se donner de nouvelle, il ne t’a jamais rappelé, donc peut-être qu’il t’en veut de ne pas avoir appelé avant, ou peut-être que vous n’avez plus grand chose à vous dire, une fois sortis des anciennes beuveries et de l’atmosphère de chambrée virile qui te pesait parfois dans le groupe. On se complique la vie comme on peut.

Continuer la lecture de « Situation n°17 : “Ici ou ailleurs” »

Situation n°15 : “Le Titanic”

Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA 
Extrait de l’albumNot Dead” (2011-2070)
Paroles & musique : Siegfried G
Musicien :
Siegfried G : voix, épinette picarde, guitares, guitare à 12 cordes, piano, programmation, mix

Illustration : Ellie-Rose G
Paroles :

Panique à bord du Titanic
Les enfants pleurent on coule à pic
Dites bonjour aux poissons
Qui nous verront
Sombrer

Le capitaine seul maître à bord
Voudrait nous voir tous crever d’abord
Admirez tous ces cons
Qui lui lèchent
Les pieds

Vous auriez dû
Vous méfier
Car nul n’ira
Vous regretter

Au fond du gouffre les poissons irradiés
Doivent ricaner de nous voir trépasser
Ils sont peut-être
Devenus
Carnassiers

Les culs-bénits font leur prière
Ils supplient encore dieu le père
Mais rien n’les empêchera
De couler
Comme des pierres

Vous auriez dû
Vous méfier
Car nul n’ira
Vous regretter

La mer est calme j’avais dû rêver
Tout compte fait il n’est rien arrivé
Tant pis j’ai tout mon temps
Je ne n’suis pas
Pressé

J’ai tout mon temps je n’suis pas pressé
Oui il ne s’est jamais rien passé
Mais j’aurais bien aimé
Les voir tous
Crever

Oh ! j’aurais dû
Me méfier
J’ai tant de choses
A regretter
Oh ! j’aurais dû
Me méfier
Car nul n’ira
Me regretter

Nous sommes en 2023. Mais aussi un peu en 1993, en 1995, voire en 2000, 2002, 2003, 2004, 2022 (si l’on regarde les différentes dates de sauvegarde de tes sessions de travail sur “Le Titanic”). En effet, c’est sans doute vers 1993 que tu as commencé à faire tourner la ligne de guitare minimaliste (tu ne savais jouer à peu près que les accords de la majeur et mi majeur) de ce qui allait devenir “le Titanic”. Tu te souviens notamment d’une longue après-midi d’impros chez Stéphane P, avec Eric C qui avait essayé par-dessus ta grille rythmique une gamme orientalisante qui sortait de son style habituel. Il reste peut-être trace de cela sur une des multiples cassettes que tu enregistrais à l’époque sur un vieux magnétophone. Par la suite, tu avais imaginé des paroles sur le thème du Titanic, métaphore d’une fin du monde que tu prophétisais à l’époque plus par névrose que par conscience aiguë de l’urgence climatique. Le fait d’être né pendant la guerre froide avait peut-être aussi planté dans ton esprit des images d’apocalypse nucléaire. Tu te doutais néanmoins que la métaphore pourrait s’appliquer à de nombreuses situations de naufrage prévisible. La fin du texte cultivait d’ailleurs l’ambiguïté, le passage à la première personne pouvant désigner le point de vue du narrateur embarqué ou du capitaine du paquebot lui-même.

Continuer la lecture de « Situation n°15 : “Le Titanic” »

“Carthago delenda est”, nouveau titre de Siegfried G

Troisième titre de l’album “Not Dead“, en cours de production,  hommage irrévérencieux à Caton l’Ancien, « Carthago delenda est » fut d’abord une improvisation d’Alessandro à la batterie et Siegfried G à la guitare, préludant à la reformation du groupe Crème Brûlée en 2007. Bien que Siegfried eût déjà écrit des paroles, le morceau fut ensuite joué comme instrumental par le groupe, notamment lors d’un concert à Lille le 29 octobre 2009. Cette version 2018 présente enfin un arrangement complet, même si la batterie rejouée ici par Siegfried avec addition de timbales ne rend pas compte de l’énergie qu’y mettait originellement Alessandro dans la version du groupe. Continuer la lecture de « “Carthago delenda est”, nouveau titre de Siegfried G »