Étiquette : Situations

  • Situation n°9 : « Ellie’s song »

    Situation n°9 : « Ellie’s song »

    Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA
    Paroles & Musique  : Siegfried G
    Groupe : Family G

    Ellie-Rose G : voix, kazoo,
    Lisa G : voix
    Siegfried G : piano jouet, piano, cithare jouet, basse, guitares, ukulele, harmonicas, percussions, choeurs, sifflement

    Illustration : Lisa G & Siegfried G
    Paroles
    
    I am Ellie
    I want to be
    A very big girl
    I am a rose
    I follow my nose
    In the big big world
    
    Where you tell me not to go
    I go anyway
    I do what I want to do
    And I don't care what you say
    
    You are Ellie
    You want to be
    A very big girl
    You are a rose
    You follow your nose
    In the big big world
    
    Where I tell you not to go
    You go anyway
    You do what you want to do
    And you don't care what we say

    Nous sommes en 2019. Ta plus jeune fille, Ellie-Rose, a déjà 5 ans. Elle te voit parfois faire de la musique et adore taper sur la batterie électronique ou brailler dans le micro, mais marque moins d’intérêt pour ses propres instruments d’enfant : un cithare africain offert par tes parents, un tambourin, un antique toy-piano Michelsonne que tu as déniché d’occasion et qui te rappelait celui que tu avais toi-même enfant, bien avant que Yann Thiersen en fasse son fétiche… Effet madeleine de Proust garanti lorsque s’ouvre le petit clavier avec son vacarme si caractéristique de tiges métalliques. Mais la gamine n’en a jamais eu grand chose à faire. Elle préfère décidément hurler dans le micro, c’est plus rigolo.

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  • Situation n°8 : « Paranoïa »

    Situation n°8 : « Paranoïa »

    Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA
    Extrait de la Demo 1996 des Vaches Folles
    Paroles & musique : Stéphane P
    Musiciens :

    Stéphane P : voix, guitare
    Siegfried G : batterie, piano, voix

    Stéphane L : guitare
    Benoît D : basse
    Illustration : Siegfried G
    Paroles :
    
    Ma paranoïa
    Rôde autour de moi
    Prête à bondir sur sa proie
    Elle rôde autour de moi
    Je sais que l’univers cherche à me nuire
    Même les oiseaux sur leur fil c’est sûr conspirent
    
    Je sens les regards
    Arrimés à mon corps
    Rivés sur mes avatars
    A l’affût de mes torts
    Est-ce là l’effet de l’imaginaire ?
    Mais les fellows ont des airs de porte de frigo
    
    Ma paranoïa
    Rôde autour de moi
    Prête à bondir sur sa proie
    Elle rôde autour de moi
    Je sais que l’univers cherche à me nuire
    Même les oiseaux sur leur fil c’est sûr conspirent
    
    C’est l’hypocrisie
    L’apparat simili
    Qui fait que je me méfie
    Même de toi Léonie
    Derrière les sourires et les mots agréables
    Se cachent des pensées obscures c’est intolérable.

    Nous sommes en 1996. Avec les deux Stéphane et Benoît, tu débarques aux Frigos du 91 quai de la gare à Paris. Tu y as déjà répété quelques années avec les Black Noddles ou Les Gniards, dans les studios du Luna Rossa, qui a vu défiler depuis les années 80 des groupes comme Bérurier Noir, Ludwig von 88, Molodoï… C’est toujours impressionnant de parcourir ce quartier de friche industrielle, près de la toute nouvelle bibliothèque François Mitterrand, et de la fameuse rue Watt naguère chantée par Philippe Clay sur un texte de Boris Vian :

    « C’est une rue couverte
    C’est une rue ouverte
    C’est une rue déserte
    Qui remonte aux deux bouts
    Des chats décolorés
    Filent en prise directe
    Sans jamais s’arrêter
    Parce qu’il y pleut jamais
    Le jour c’est moins joli
    Alors on va la nuit
    Pour traîner ses savates
    Le long de la rue Watt »

    Boris Vian

    Les frigos sont un grand squatt officialisé, bardé de graffiti, où les musiciens venus répéter croisent des artistes résidant dans les étages de béton délabré. Le Luna Rossa est en train de déménager rue du Chevaleret, à quelques centaines de mètres de là, dans un ancien entrepôt, mais il reste encore un studio d’enregistrement aux Frigos.

    Les Frigos
    Vue générale du site des Frigos en 2003, photo de Pierre Laugier, CC BY-SA 3.0

    « C’est nous qu’on est les Vaches Folles », proclamez-vous à l’ingénieur du son qui vous ouvre son studio aménagé dans un des anciens frigos du lieu. Tronche du gars, qui vous a vu quelques jours plus tôt, Stéphane P et toi, venir enregistrer avec deux autres musiciens (Pierre et Erwan) sous le nom de Crème Brûlée. Le gars ne s’attendait pas à revoir vos pommes quelques jours plus tard. Il ne sait pas qu’il s’en est fallu de peu, d’ailleurs, pour que tu reviennes avec deux autres groupes, les Black Noddles et Nonante What, qui viennent juste de splitter. Il faut dire que travaillant à Tours depuis septembre 1995, les répèts à Paname avec 4 groupes, ça devenait tendax, même si tu rentrais tous les week-ends. Et puis tu as beau avoir un salaire de prof, à présent, payer des séances d’enregistrement en rafale, c’est au-dessus de tes moyens. Déjà, deux de suite, tu le sens passer…

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  • Situation n°7 : « Aurélie sait »

    Situation n°7 : « Aurélie sait »

    Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA
    Extrait de la Demo 1999 de Crème Brûlée
    Paroles : Stéphane P
    Musique : Siegfried G, Stéphane P
    Musiciens :

    Stéphane P : voix, guitare
    Siegfried G :
    guitare, voix, mastering
    Jérôme V : basse
    Franck C : batterie
    Stéphane L : prise de son, mixag
    e
    Paroles :
    
    Aurélie sait
    Que je ne lui veux que mon bien.
    Quand elle essaie
    Sur moi son regard de satin,
    Mon sang fait des bulles,
    Mon sang fait des bulles.

    Nous sommes en 1999. Tu joues de la guitare dans le groupe Crème Brûlée. Cela a pris du temps, mais vous tenez enfin une formation solide, dans la veine noisy pop (le nom « Crème Brûlée » a été inspiré par le titre d’un morceau de Sonic Youth) ou power pop. Après avoir usé deux batteurs et deux bassistes, vous obtenez enfin des résultats satisfaisants et, semble-t-il, durables, avec Jérôme à la basse, qui ne manque pas de feeling ni de culture rock, et Franck à la batterie. Avec Franck, cela n’a pas été simple, car il écoute surtout du reggae et du Zappa, et il a une fâcheuse tendance à repartir à contretemps après un roulement hasardeux. Les répétitions ont souvent été laborieuses et les incompréhensions pesantes. Et pourtant, alors que tu travailles sur ordinateur au mastering de la demo que vous venez d’enregistrer, tu mesures tout l’apport de Franck : son jeu à la fois tout en finesse et puissant, technique mais sans esbroufe et non dénué de groove même sur des rythmes binaires, te fait un peu penser à celui de Topper Headon, le fameux batteur de The Clash. Tu te rends même compte que l’empreinte de vos premiers batteurs, Alessandro ou Erwan, au style plus stoner rock (coucou Dave Grohl), vous a peut-être poussés à ne pas apprécier à sa juste valeur l’apport de Franck. Cela te saute aux yeux, ou plutôt aux oreilles, alors que tu tentes des réglages de compresseur et de limiteur sur le mix que t’a remis Stéphane L (surnommé « guitar hero »), que tu as connu comme guitariste dans les groupes Black Noddles et Les Vaches Folles, et qui, étant devenu ingénieur du son, vous a pris comme cobayes pour se faire la main sur les 3 titres que vous avez choisi d’enregistrer dans son studio : « Aurélie sait« , « On s’est marré » et « Le goût de la fuite » (vous avez aussi enregistré sur ton 4 pistes Tascam trois autres morceaux dans un studio de répétition, mais le résultat lo-fi est bien moins exploitable).

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  • Situation n°6 : « Sirène »

    Situation n°6 : « Sirène »

    Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA
    Musique  : Siegfried G
    Musicien :
    Siegfried G : piano Wurlitzer

    Illustration : Ellie-Rose G

    Nous sommes en 2022. Plus précisément le 14 mai. Une date à marquer d’une pierre blanche car aujourd’hui, tu as décidé de COURIR. Mens sana in corpore sano, qu’ils disaient. Sauf que mens ça va, mais corpore salaud. Pour conjurer ce mortel ennui que tu sens déjà poindre, tu t’es muni d’écouteurs. Si vraiment il faut courir, autant le faire en musique. Tu as même prévu une playlist spéciale pour te donner du coeur, que tu as intitulée « Yogging », parce que tu te connais, tout de même : tu auras beau tenter le jogging, ta vitesse de croisière risque d’être plus proche de celle d’un yogi en position du lotus que d’Usein Bolt. Pourtant, tu as veillé à mettre des musiques pour le moins pêchues : Highway to hell d’ACDC, Sabotage des Beastie Boys, Hey boy hey girl des Chemical Brothers, Police on my back de Clash, Crosstown traffic de Jimi Hendrix, Indios de Barcelona de Mano Negra, Stay away de Nirvana, Fucking in the bushes d’Oasis, Black Nite Crasch de Ride, Helter skelter des Beatles, Give me it de The Cure, Lust for life d’Iggy Pop, tous les Sex Pistols (bien sûr), et autres Ramones, Buzzcocks… etc. etc. Avec tout ça, ça devrait le faire… sauf qu’au moment où tu trouves tout de même que les autres joggers te doublent tous vachement vite, tu entends soudain « Sirène », un morceau que tu avais composé dans les années 1990, et qui n’est pas vraiment dans le même style que la playlist. Sans doute une fausse manip. Tu es tenté de zapper, mais finalement tu te plonges dans l’écoute et te laisses emporter par la douceur monotone du morceau, qui s’accorde bien avec l’atmosphère paisible du canal le long duquel tu cours. Tu en profites d’ailleurs pour faire une photo, pendant que des joggers passent à côté de toi en haletant.

    Canal de l'Ourcq

    Les souvenirs remontent pendant qu’une femme enceinte te double. Cette piste de piano n’était pas seule, à l’origine. Tu l’avais jouée sur un séquenceur midi Roland JW-50, avec un son de piano, et y avais ajouté tout un arrangement de contrebasse, batterie, et cordes. Il y avait même des paroles que tu as en grande partie oubliées. Il faut dire qu’elles étaient très oubliables. C’est peut-être pourquoi tu avais laissé le morceau dormir pendant des années, le rangeant tout de même dans une compil « Rebuts et déchets » dont tu avais même imaginé l’illustration à partir d’un collage.

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  • Situation n°3 : « Aucune trace »

    Situation n°3 : « Aucune trace »

    Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA 
    Paroles et musique : Siegfried G
    Siegfried G : voix, guitare, harmonica, piano, tambourin
    Paroles :
    
    J’ai longtemps aimé
    Regarder les trains bondés passer
    Les trains passer
    J’aurais peut-être dû
    Y monter
    … mais j’n’ai jamais osé
    
    J’ai vu tant de visages
    Des jeunes, des vieux, des pervers, des sages
    Des sages
    J’aurais bien voulu leur parler
    Mais les vitres
    … étaient toujours fermées
    
    Assis sur mon banc
    Je me demandais souvent si les gens
    Les gens
    Savent réellement où ils vont
    Quand ils
    … défilent comme des moutons
    
    Tous ces visages… fugaces
    N’ont laissé… aucune trace
    Ils n’ont fait que passer
    Sans savoir
    … que je les regardais
    
    J’ai fini par monter
    Au hasard dans un de ces trains bondés
    Bondés
    Mais depuis lors je ne fais
    Que regarder
    … les gens sur le quai
    
    Tous ces visages… fugaces
    N’ont laissé… aucune trace
    Ils n’ont fait que passer
    Sans savoir
    … que je les regardais

    Nous sommes en 1995. Ce mitan de décennie est marqué pour toi par la mélancolie. Comme aurait dit Gramsci, « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Tu ne distingues pas encore bien les monstres. Tu redoutes même qu’en guise de monstres il n’y ait que le vide. Mais tu vois tout à fait ce qui, du vieux monde, se meurt, ou est déjà mort :

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  • Situation n°1 : « Du haut de la roche Tarpéienne »

    Situation n°1 : « Du haut de la roche Tarpéienne »

    Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA 
    Extrait de l’album “Particules” (2005)
    Paroles et musique : Siegfried G
    Benoît D : basse
    Sébastien G : guitare
    Stéphane P : guitare
    Nathalie R : choeurs
    Siegfried G : voix, guitare, clavier, programmation, mix
    Paroles : 
    
    Faut-il pour être honnête
    S'envoler par la fenêtre
    Pour s'envoyer en l'air
    Boycotter
    Les escaliers
    Les pieds en bandoulière
    Le pinceau, l'échelle au vestiaire ? 
    
    Braver la gravité
    C'est con mais qui accuser
    Quand la vie quotidienne
    A le défaut D'être au niveau zéro
    Vue du troisième A l'approche de la trentaine
    
    Comme du haut de la roche Tarpéienne
    Comme du haut de la roche Tarpéienne...

    Nous sommes en 2001. Tu es entre deux mondes : celui d’une grosse décennie d’excès, d’autodestruction (créatrice, dirait ce farceur de Schumpeter), de névroses, de chagrins, dont tu peines encore à te dépêtrer ; et celui de la décennie suivante, plus apaisée, plus responsable (il faut dire que ce petit être hurlant qui te prendra le petit doigt pour le téter, avant même de rencontrer le sein de sa mère, te ramènera vite sur terre, mais il te reste encore deux ans pour accomplir cette mue). Ton lieu de vie porte encore les stigmates de la décennie précédente. C’est pas Las Vegas Parano, mais c’est pas loin.

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