Méthodes

« On ne soulignera jamais assez que la révolution ne sert à rien si elle n’est pas inspirée par son idéal ultime. Les méthodes révolutionnaires doivent être en harmonie avec les objectifs révolutionnaires. Les moyens utilisés pour approfondir la révolution doivent correspondre à ses buts. En d’autres termes, les valeurs éthiques que la révolution instaurera dans la nouvelle société doivent être disséminées par les activités révolutionnaires de la période de transition. Cette dernière peut faciliter le passage à une vie meilleure mais seulement à condition qu’elle soit construite avec les mêmes matériaux que la nouvelle vie qu’on veut construire. »

Emma Goldman, postface à My Desillusionment in Russia,
Doubleday, Page & co, 1923

Vieille

« Les chasses aux sorcières ont aussi inscrit profondément dans les consciences une image très négative de la vieille femme. Certes, on a brûlé de toutes jeunes “sorcières”, et même des enfants de sept ou huit ans, filles et garçons ; mais les plus âgées, jugées à la fois répugnantes par leur aspect et particulièrement dangereuses du fait de leur expérience, ont été les “victimes favorites des chasses” (Guy Bechtel, La Sorcière et l’Occident). “Au lieu de recevoir les soins et la tendresse dus aux femmes âgées, celles-ci ont été si souvent accusées de sorcellerie que, pendant des années, il fut inhabituel que l’une d’elles, dans le Nord de l’Europe, meure dans son lit”, écrivait Matilda Joslyn Gage. L’obsession haineuse des peintres (Quentin Metsys, Hans Baldung, Niklaus Manuel Deutsch) et des poètes (Ronsard, Du Bellay) pour la vieille femme s’explique par le culte de la jeunesses qui se développe à l’époque et par le fait que les femmes vivent désormais plus longtemps. En outre, la privatisation de terres autrefois partagées — ce qu’on a appelé en Angleterre les “enclosures” — au cours de l’accumulation primitive qui a préparé l’avènement du capitalisme a particulièrement pénalisé les femmes. Les hommes accédaient plus facilement au travail rémunéré, devenu le seul moyen de subsister. Elles dépendaient plus qu’eux des communaux, ces terres où il était possible de faire paître des vaches, de ramasser du bois ou des herbes. Ce processus a, à la fois, sapé leur indépendance et réduit les plus vieilles à la mendicité quand elles ne pouvaient pas compter sur le soutien de leurs enfants. Bouche désormais inutile à nourrir, la femme ménopausée, au comportement et à la parole parfois plus libres qu’auparavant, est devenue un fléau dont il fallait se débarrasser. On la croyait aussi animée par un désir sexuel encore plus dévorant que dans sa jeunesse — ce qui la poussait à rechercher la copulation avec le Diable ; ce désir apparaissait comme grotesque et suscitait la répulsion. On peut présumer que si, aujourd’hui, les femmes sont réputées se flétrir avec le temps alors que les hommes se bonifient, si l’âge les pénalise sur le plan amoureux et conjugal, si la course à la jeunesse prend pour elles un tour aussi désespéré, c’est largement en raison de ces représentations qui continuent de hanter notre imaginaire, des sorcières de Goya à celles de Walt Disney. La vieillesse des femmes reste, d’une manière ou d’une autre, laide, honteuse, menaçante, diabolique. »

Mona Chollet, Sorcières,
La puissance invaincue des femmes
, La Découverte, 2018

Big Bang

A l’initiative de Clémentine Autin, députée FI et d’Elsa Faucillon, députée communiste, a été publié un appel en faveur d’un « big bang » de gauche.

J’ai des doutes sur cette initiative, bien sûr. Manoeuvre d’une petite intelligentsia de gauche au service d’une possible ambition personnelle ? Enième rassemblement impuissant et désincarné pour un front unitaire rassemblé de l’unité de la gôche de gôche unie ensemble pour tisser des liens et des fils en vue d’un avenir en commun dans le grand rassemblement citoyen de la rassemblitude du peuple pour l’unitay ? Peut-être. On verra.
En attendant, le texte publié ne me semble en rien incompatible avec l’idée de nouveau front populaire ou de fédération populaire qu’il faudra bien réussir à constituer pour espérer vaincre à la fois le fascisme et le néolibéralisme autoritaire et mener ce pays vers la bifurcation écologique et sociale qui s’impose.

Et puis les cris de haine de certains camarades insoumis contre Clémentine Autain me font honte et me foutent franchement les jetons. Quoi qu’on pense de cette initiative, cela ne vaut pas un tel déferlement d’ordures.

Enfin, même si je suis plus partisan de constituer des collectifs à la base, sur le modèle des assemblées populaires des Gilets jaunes, voire en investissant celles-ci, je vois dans les premiers signataires des noms qui m’inspirent confiance, comme celui de Corinne Morel-Darleux ou Mathilde Larrère. Et le fait que l’appel regroupe des gens aussi différents que Rokhaya Diallo (bête noire du « Printemps Républicain ») et Gaël Brustier (ancien chevènementiste tenant du « populisme de gauche » naguère fondateur du collectif « Gauche Populaire » avec Laurent Bouvet, futur fondateur du… « Printemps Républicain ») me semble de bon augure, en terme de diversité de courants, à l’heure où les Insoumis ne trouvent rien de mieux à faire que se déchirer entre « souverainistes laïcards » et « islamo-gauchistes » sur les réseaux antisociaux (faute de pouvoir le faire en interne dans des espaces de délibération qui n’existent pas).

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Vendôme

« La Commune de Paris, considérant que la colonne impériale de la place Vendôme est un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la République française, la fraternité, décrète : article unique — La colonne Vendôme sera démolie. »

Décret de la Commune de Paris, 12 avril 1871

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