Crise, doléances, et révolution

Dans L’argent sans foi ni loi, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot montrent à quel point le règne de l’oligarchie financière est contraire à l’idéal républicain. Les deux sociologues y citent « ce que nous disait en 1802 le troisième président des Etats-Unis, Thomas Jefferson, que l’on ne peut pas considérer comme ayant été un dangereux révolutionnaire » :

« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent sa monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où les enfants se réveilleront sans maison et sans toit sur la terre que leurs parents ont conquise. »

Transposé au monde — et à la France — des années 1970 à nos jours, ce constat est troublant. Il dépeint assez bien le coup d’Etat financier qui s’est opéré à la faveur de la crise des années 1970 et de la dérégulation qui l’a suivie jusqu’à l’asservissement actuel des Etats aux politiques austéritaires qui ruinent les peuples. Ce coup d’Etat s’est opéré discrètement et progressivement. Mais à mesure qu’une caste accapare les richesses de façon de plus en plus ostensible au mépris de l’intérêt général, les citoyens peu à peu dépouillés de leurs droits économiques et sociaux commencent à mieux comprendre ce qui se joue.

Profitons-en pour oser un autre parallèle historique.

« Je lis attentivement les cahiers que dressèrent les trois ordres avant de se réunir en 1789 ; je dis les trois ordres, ceux de la noblesse et du clergé, aussi bien que celui du tiers. Je vois qu’ici on demande le changement d’une loi, là d’un usage, et j’en tiens note. Je continue ainsi jusqu’au bout de cet immense travail, et, quand je viens à réunir ensemble tous ces voeux particuliers, je m’aperçois avec une sorte de terreur que ce qu’on réclame est l’abolition simultanée et systématique de toutes les lois et de tous les usages ayant cours dans le pays ; je vois sur le champ qu’il va s’agir d’une des plus vastes et des plus dangereuses révolutions qui aient jamais paru dans le monde. »

Ce constat effrayé d’Alexis de Tocqueville est cité avec malice par Eric Hazan dans Une histoire de la Révolution française. Il montre à quel point la société française de 1788-1789 était mûre pour la grande Révolution. Et aujourd’hui, où en est-on ? Crise économique, incapacité du pouvoir à sortir de la spirale de la dette faute d’être capable de faire obstacle à la rapacité de l’oligarchie, ressentiment du peuple : les similitudes sont frappantes, et remarquées d’ailleurs avec effroi par ceux-là mêmes qui ont de trop voyants privilèges à défendre. Ainsi, en 2012, le peuple accablé par l’austérité put entendre l’actrice Catherine Deneuve rétorquer à son collègue Torreton, qui critiquait le cynisme fiscal de son autre collègue Depardieu : « Qu’auriez-vous fait en 1789 ? Mon corps en tremble encore ! » Ce fut aussi pour la patronne du Medef l’occasion de renchérir en affirmant : « On est en train de recréer un climat de guerre civile, qui s’apparente à 1789 » (la même Laurence Parisot avait d’ailleurs déjà vu en Mélenchon « l’héritier d’une forme de terreur » lors de la campagne présidentielle). Ce fut ensuite Alain Afflelou qui sentit lui aussi le souffle de la guillotine contre sa nuque de riche marchand de binocles : « fiscalité injuste et confiscatoire (…) On est en train de faire une guerre de tranchées, de revenir en 1789 : il faut arrêter de dire que les chefs d’entreprises sont des voleurs, des voyous, des gens malhonnêtes. »

Le peuple n’a même pas encore sorti les piques contre les vils accapareurs que la classe ultra-privilégiée commence à trembler. C’est une bonne nouvelle, car jusqu’à présent, la peur était l’apanage des gueux craignant pour leur emploi. Mais le carcan qui enserrait les consciences des dominés commence à craquer, et ceux qui ont beaucoup à perdre le sentent, apparemment.

Un autre livre paru fin 2012 ne saurait les rassurer. Laurent Maffeïs et Alexis Corbière clament en effet « Robespierre, reviens ! » dans un ouvrage qui remet en cause l’opprobre jetée sur l’Incorruptible depuis la réaction thermidorienne. En nous rappelant le rôle de Robespierre dans la création de la République et dans l’émergence de la question sociale, ces deux camarades (du PG) montrent a contrario à quel point la contre-révolution a fini par triompher insidieusement. Il est temps de réhabiliter — et par conséquent de réactiver — le processus révolutionnaire qui donne toujours des sueurs froides à l’aristocratie d’aujourd’hui (la prolifération de véritables dynasties dans les grandes entreprises voire dans le show business vient confirmer ce que Bourdieu avait déjà montré avec La noblesse d’Etat : une nouvelle aristocratie exerce bel et bien de plus en plus visiblement sa domination sur une République vidée de son contenu révolutionnaire).

L’année 2013 et celles qui suivront auront-elles un parfum de 1789 voire 1792 ? Une chose est sûre : le peuple qui souffre sous le règne de l’argent fou a nombre de doléances. Il lui reste à les écrire et à en tirer les bonnes conclusions. Les assemblées citoyennes du Front de Gauche pourraient y contribuer. Camarades, ce n’est donc pas le moment de glander, et encore moins de désespérer.

Bibliographie :

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, L’argent sans foi ni loi, Textuel, 2012
Eric Hazan, Une histoire de la révolution française, La Fabrique, 2012
Alexis Corbière et Laurent Maffeïs, Robespierre, reviens !, éd. Bruno Leprince, 2012
Pierre Bourdieu, La noblesse d’Etat, Les éditions de minuit, 1989
Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution, 1856

Merci pour le rapport de force

Arnaud Montebourg, l’ex-chantre de la démondialisation, a eu beau dire, l’Etat ne nationalisera pas Florange, même pas provisoirement, et laissera donc Mittal continuer à mentir et à spéculer avec Goldman Sachs sur le dos des ouvriers. L’ex-presse a promptement glosé sur l’humiliation subie par Montebourg, publiquement désavoué par son premier ministre, si bien que celui-ci a dû, avec d’autres hiérarques sociaux-libéraux, vanter après coup le rôle du ministre de la désindustrialisation dans cette affaire. Selon le JDD :

« “On a été durs aussi”, nous raconte Ayrault, qui reconnaît que l’idée de nationalisation “a pesé dans le bras de fer. C’est une solution ultime. Un rapport de force a été créé et Arnaud Montebourg a joué son rôle.” »

La référence au « rapport de force » devient dès lors un élément de langage qui sera répété en boucle par les communicants et autres ministres sociaux-libéraux, tel Michel Sapin dans Le Figaro :

« L’intervention du ministre du Redressement productif, qui a menacé de démissionner avant de se raviser, a été “plus qu’utile” car “c’est lui qui a permis que se construise un rapport de force”, a expliqué Sapin pour qui “c’est parce qu’il y avait un rapport de force que au bout du compte il y a eu un résultat différent de celui que ArcelorMittal avait l’intention de mettre en oeuvre.” »

Hollande, Ayrault — et Montebourg lui-même — étaient-ils réellement prêts à recourir à la nationalisation ou s’agissait-il d’un bluff ? Mittal a-t-il réellement fait la moindre concession, lui qui n’a de toutes façons respecté jusqu’ici aucun de ses engagements ? Montebourg est-il le dindon de la farce ou a-t-il servi d’épouvantail ? A-t-il vraiment menacé de démissionner ? A-t-il été « carbonisé » par le premier ministre ? Sert-il d’alibi volontariste à un gouvernement capitulard ou permet-il de faire reculer ne serait-ce qu’un tout petit peu la domination de la finance sur l’industrie ? Autant de questions plus ou moins pertinentes qui agitent évidemment l’ex-presse, laquelle, se faisant, a négligé de remarquer un fait pourtant tout à fait important : depuis la conversion du PS à la religion du marché, on n’avait pas si souvent entendu un hiérarque socialiste — et encore moins un premier ministre — invoquer publiquement le concept de « rapport de force ». Les salariés de Florange auront certes bien du mal à avaler l’idée que le rapport de force ait été favorable à l’Etat dans le cas qui les concerne. Et nul ne saurait leur reprocher de se sentir trahis et abandonnés après que Montebourg leur a fait miroiter l’hypothèse de la nationalisation. Mais quelles que soient les intentions réelles de ce gouvernement social-libéral austéritaire, une chose est sûre : il vient d’employer un langage qui n’était plus, jusqu’ici, employé que par « l’autre gauche ». En termes gramsciens, on peut dire que c’est déjà, en cela, un coup porté à l’hégémonie culturelle de la bourgeoisie oligarchique qui avait si bien réussi à faire disparaître du langage courant des termes comme « rapport de force » ou « lutte des classes ». On sait depuis Orwell que la novlangue imposée par les dominants permet justement de dissimuler aux dominés la réalité de la domination elle-même, et d’empêcher ainsi la prise de conscience qui permettrait au peuple de renverser la situation. La renaissance du vocabulaire de la révolution est donc le préalable à la possibilité-même de la révolution.

Il reste donc à prendre Ayrault au mot : oui, la société est bien organisée par des rapports de force, et de même que le gouvernement prétend peser face à la finance en agitant son Montebourg, chaque parti, chaque syndicat, chaque collectif de lutte, chaque groupement de citoyens, peut légitimement revendiquer lui aussi le rapport de force pour faire valoir ses intérêts. Qui osera encore prétendre que les grévistes prennent les usagers « en otage », que les habitants de Notre-Dame des Landes doivent accepter qu’un inutile Ayraultport les spolie, que les citoyens doivent se résigner à l’austérité à perpétuité ? La lutte est légitime, et c’est celui qui a le plus gros Montebourg qui l’emporte. C’est le premier ministre lui-même qui l’a dit. Et avec la mobilisation continue du Front de Gauche et des syndicats (80000 personnes manifestant contre l’Europe austéritaire le 30 septembre dernier), avec le programme « L’humain d’abord », avec le contre-budget du PG, avec la possibilité d’une majorité alternative sur les bases de l’écosocialisme, le peuple a à sa disposition des instruments bien plus efficaces que ce pauvre Montebourg pour faire en sorte que ce rapport de force lui devienne enfin favorable.

Le rapport de force est donc officiellement de retour dans le champ politique le plus large. Et bientôt, sera-ce le retour de la lutte des classes et de la révolution ? Merci Monsieur Ayrault.

Comment j’ai adhéré au PG : le témoignage de Psychonada

En ce 27 octobre 2012, le Parti de Gauche lance une grande campagne d’adhésion. Nous relayons ici le témoignage du musicien Psychonada.

De la musique libre au Parti de Gauche

Le 14 mars 2012, je mettais en ligne sur le site du label « In cauda venenum » le morceau « Je re-Mélenchon » (parodie du « Louxor j’adore » de Philippe Katerine), que j’avais enregistré sous le nom de Psychonada. J’en faisais aussitôt l’annonce sur le forum du site de musique libre « Dogmazic« , où j’avais mes habitudes, grâce à quoi le morceau fut rediffusé dès le 15 mars par un internaute, sur le blog Mezamashidokei, à partir duquel il fut relayé sur les réseaux Twitter et Facebook. Un autre internaute mit en ligne le 17 mars une vidéo illustrant le morceau (vue plus de 260000 fois sur Youtube et quelques milliers de fois sur d’autres plateformes). Le lendemain eut lieu à Paris la marche jusqu’à la Bastille pour la VIe République. Par la suite, le morceau seul ou la vidéo ont été relayés par différents blogs et même par les grands médias (sites internet de la presse, France-Inter, Canal +). Mais ceux-ci se sont contentés d’accompagner le buzz sans jamais prendre le temps d’enquêter vraiment sur l’auteur de ce détournement ni sur ses intentions. Ils se sont contentés de copier/coller le lien de la musique ou de la vidéo, rigolant, au mieux, du jeu de mots potache, se demandant, au pire, si c’était de l’art ou du Mélenchon. Pour la plupart, néanmoins, le clip était évidemment « un clip du Front de Gauche ». Le Parisien, lui, me voyait « adepte du militantisme en musique », formule aussitôt recopiée par Le lab d’Europe 1 (à moins que ce ne soit Le Parisien qui ait copié sur Le Lab). Pascale Clark, sur France-Inter, investiga quant à elle du côté de Philippe Katerine, l’auteur du morceau original, pour savoir ce qu’il pensait de ce détournement. Il faut dire que Katerine était l’invité central de son émission et qu’il eût été sans doute dommage de ne pas le faire réagir au sujet du morceau qui avait déjà fait se poiler son collègue Patrick Cohen quelques jours plus tôt. Mais pas un mot sur le pourquoi et le comment de cette parodie.

Pourtant, je n’étais en réalité ni « adepte du militantisme en musique » (tout au plus ai-je parfois produit quelques musiques engagées) ni même, à l’époque, militant du Front de Gauche. Certes, je n’étais pas complètement étranger à l’action politique : m’étant toujours senti foncièrement de gauche, j’avais été proche de milieux libertaires antifascistes et j’avais participé en électron libre à de nombreux mouvements sociaux ainsi qu’à quelques initiatives à vocation subversive. Mais je n’avais jamais été membre d’un parti. A vrai dire, j’avais même encore une image assez péjorative des militants, que j’imaginais bornés, sectaires et sans humour (peut-être un héritage des années de lycée durant lesquelles j’avais pu côtoyer quelques militants de Lutte Ouvrière ?). En cela, j’étais sans doute aussi tributaire de la ringardisation de l’engagement collectif qui a si bien fait les affaires du capitalisme néo-libéral depuis les années 80. Il faut dire aussi qu’entre la trahison sociale-démocrate, le stalinisme pépère, le gauchisme stérile et l’écologie fade, je ne my retrouvais pas. S’il m’arrivait bien de voter pour les uns ou les autres, n’étant pas adepte non plus de « l’abstention révolutionnaire » chère à mes copains anars, il ne me serait pas venu à l’idée de militer. J’avais bien sûr voté « non » à l’Europe des marchés en 2005, ressenti le besoin d’une unité de la gauche anti-libérale en 2007, et trouvé intéressante la constitution de listes « Front de Gauche » en 2009. J’avais lu avec intérêt le livre Qu’ils s’en aillent tous ! de Mélenchon en 2010, même si son image d’ancien apparatchik du PS et son côté républicain tsoin-tsoin n’avaient rien pour me séduire a priori. Mais mon engagement n’allait pas plus loin.

Seulement voilà : de plus en plus lassé de l’individualisme indécrottable auquel je me heurtais notamment dans mes activités musicales (particulièrement au sein du mouvement informe de la « musique libre », trop imperméable à mon goût à la notion d’intérêt général, et englué dans des querelles byzantines sur les clauses des licences de libre diffusion), je me sentais de plus en plus en résonance avec les thèses développées par Mélenchon dès le tout début de la campagne des présidentielles. Par ses discours, il redonnait de la dignité à un mouvement ouvrier devenu honteux de lui-même et il réhabilitait l’action politique. Je lus donc le programme « L’humain d’abord » et commençai à suivre, notamment par internet, les meetings du Front de Gauche. Au cours de l’année 2011, j’en étais devenu un sympathisant et un électeur très probable, au point de m’inquiéter vaguement de l’obstacle que pourrait peut-être constituer le nom-même du candidat dans le cirque médiatique : « Mélenchon », c’est un nom dont les sonorités collent un peu à la bouche ; malgré l’étymologie hispanique, il a aussi un côté franchouillard « cornichon-saucisson » qui, associé à une longue carrière de sénateur, évoque plus les banquets de la IIIème République que l’avènement d’une VIème. Je me disais donc qu’il y avait peut-être un contre-pied humoristique à prendre. Je fus marqué aussi de la façon dont les médias dominants s’efforçaient de discréditer systématiquement le candidat du Front de Gauche en l’accusant de populisme et en le comparant à Georges Marchais, manière d’en faire à la fois un épouvantail et un clown. Et je trouvai habile de sa part de reprendre à son compte ces références pour en dégager le contenu subversif et le retourner à l’envoyeur.

Je ne sais plus quand m’est venue l’idée du jeu de mots entre « je remets le son » et « je re-mélenchon » (je ne suis sans doute pas le seul à l’avoir eue, d’ailleurs). Je connaissais et j’aimais bien le tube de Katerine dont j’appréciais le second degré et l’efficacité musicale due à un riff sobre et à une mélodie accrocheuse. A force de me trotter dans la tête, cette idée qui aurait pu aussi bien rester lettre morte s’est concrétisée : puisque j’étais en train de finir par ailleurs un album, je pouvais poursuivre sur ma lancée et m’offrir du même coup une récréation en enregistrant une parodie de « Louxor j’adore » transformée en hymne à Mélenchon. Le morceau de Katerine étant lui-même simple dans sa structure et son arrangement, je choisis de rester dans la même veine, le faisant juste sonner un peu plus rock (peut-être parce que je trouvais que Mélenchon avait un côté punk ?) en remplaçant le synthé par de la guitare et la boîte à rythme par de la batterie. Ce faisant, j’avais l’impression de faire une bonne blague potache qui ferait rire les copains et, peut-être, les quelques auditeurs de l’album à venir, mais je ne pensais pas participer véritablement à la campagne du Front de Gauche. Je n’avais donc absolument pas prévu que le morceau, une fois mis en ligne, se répandrait comme il l’a fait sur internet, et serait considéré comme un acte militant.

Je pris conscience, peu à peu, d’être embarqué par un élan émancipateur qui me dépassait mais dont j’étais pleinement partie prenante néanmoins. Les discours de campagne s’enchaînaient, regonflant d’espoir le peuple de gauche jusqu’ici si divisé, résigné et vaincu. Nous étions de plus en plus nombreux et de plus en plus conscients de notre force. Ma propre histoire politique, pourtant bien distincte de celle de Mélenchon et de ses alliés du PCF, convergeait tout naturellement vers ce moment particulier de l’Histoire que Mélenchon, parmi les candidats en lice, semblait être le seul à avoir compris. La Bastille était effectivement à reprendre, et le moment était venu de dépasser certains clivages obsolètes pour y parvenir. Une synthèse pouvait s’effectuer, au point où nous en étions, entre République et socialisme, mais aussi entre la tradition communiste et la culture libertaire, entre la gauche sociale et l’écologie, entre l’exigence intellectuelle et le souci du peuple, entre le réformisme institutionnel et la nécessaire révolution.

Je n’avais pas attendu les consignes pour laisser à ma parodie « citoyenne » la possibilité de contribuer à la campagne du Front de Gauche. Et, comme en écho, Mélenchon lui-même, dans un spontanéisme inattendu pour un ancien hiérarque du PS, affirmait de meetings en meetings que la consigne était de ne pas attendre les consignes. J’en arrivai donc naturellement à me considérer comme membre de ce Front de Gauche si prometteur. Il ne me restait plus qu’à franchir le cap de l’adhésion. Parmi toutes les organisations membres du FdG, celle qui me semblait avoir eu le rôle le plus moteur dans ce processus, et qui incarnait le mieux la synthèse entre écologie, socialisme et république, était le Parti de Gauche. J’adhérai donc au PG entre les deux tours de la présidentielle, déçu comme bien d’autres d’un score en-deça de nos récentes espérances, mais tout de même convaincu que l’essor de « l’autre gauche » ne faisait que commencer en France. Je rejoignis donc le comité Aubervilliers-Pantin et proposai mes services musicaux à la Télé de Gauche. Je suis à présent un de ces militants tant moqués par les tenants de l’individualisme, et je peux attester que, si je suis heureux de m’acquitter des tâches ordinaires dévolues au militant de base, je ne suis pas pour autant devenu un soldat aveugle au service d’un homme providentiel. Le PG n’est pas du tout, contrairement à ce que laissent entendre certains médias, la garde rapprochée d’un chef autoritaire. C’est au contraire un tout jeune parti au sein duquel chaque membre a une grande liberté d’action et de ton.

A l’heure où une prétendue gauche impose en France l’austérité à perpétuité et se soumet aux diktats des marchés, du patronat et de la technocratie européenne, il est temps de prendre parti.

A bas l’austérité ! Non à la résignation ! Organisez-vous ! Rejoignez le Parti de Gauche !

 

Quand Mélenchon refonde la gauche

En l’espace de quelques minutes d’un discours tenu à la fête de l’Humanité, Jean-Luc Mélenchon, expliquant l’air de rien que la révolution est « nécessairement permanente et continue », s’est permis de refonder philosophiquement la gauche en établissant des liens raisonnés entre l’humanisme, le communisme, le socialisme, l’écologie politique, le féminisme, la laïcité, la république et la démocratie. Voici une transcription écrite d’un extrait de ce discours dont la vidéo intégrale peut être vue à la fin du présent billet.

« (…) Est en train de naître dans la conscience collective des travailleurs l’impératif écologique comme un des moyens non seulement de répondre à leurs propres difficultés mais à celles de l’humanité toute entière, ce qui signifie que les travailleurs et la classe ouvrière se présentent non seulement comme la classe d’intérêt général quand elle défend les outils de production contre le parasitisme du capitalisme, mais aussi lorsqu’elle défend l’écosystème commun, en proposant de nouvelles manières de produire et de nouvelles productions.

C’est ce qui me permet de vous dire que dorénavant, nous sommes les artisans d’une doctrine nouvelle dont les prémisses ont été rassemblées dans nos batailles (…). C’est que notre Front de Gauche s’approprie une doctrine nouvelle que je résumerai par un mot : l’écosocialisme.

Je voudrais faire le lien entre ce mot et l’adjectif qui est à côté du mot « révolution ». Il y a un mot : « citoyenne ». Pourquoi camarades, est-elle dite « citoyenne » ? Je vais — pour certains, ce sera une répétition, pour d’autres, ils découvriront ce raisonnement — vous montrer en quelques mots l’assemblage des éléments du coeur de la doctrine écosocialiste. L’écologie politique nous a permis de comprendre ce que des fois nous n’avions pas vu dans nos propres textes, peut-être parce que nos textes étaient écrits à une époque où les problèmes étaient moins brûlants, peut-être parce que lorsque Karl Marx décrit la nature comme le corps inorganique de l’homme, lorsqu’il affirme que le capitalisme est une force qui épuise l’homme et la nature, nous ne faisions pas assez attention à la profondeur de ce que cette phrase voulait dire, compte tenu du fait qu’au moment où elle a été rédigée, au fond, l’industrie était naissante et concentrée dans très peu de pays dans le monde, et les logiques du productivisme ne s’appliquaient qu’à une part fort restreinte de l’activité humaine. Mais dorénavant, nous pouvons mieux en comprendre toute la profondeur. L’écologie politique nous a appris qu’il n’y a qu’un seul écosystème compatible avec la vie humaine. Nous ne défendons pas la planète. La planète continuera avec ou sans nous. Nous ne défendons pas la vie. La vie continuera avec ou sans nous les êtres humains. Et vous pouvez imaginer que la belle planète bleue continuera à tourner dans l’espace infini et sans signification avec pour seuls occupants des cafards et des fourmis [NDLR : et Marie-Noëlle Linemann]. Ça ne perturbera en rien les équilibres qui se jouent entre les corps célestes et la trame particulière de l’espace-temps. Nous défendons l’éco-système qui rend notre vie et nos querelles possibles. Par conséquent, s’il n’y a qu’un seul écosystème compatible avec la vie humaine, cela signifie qu’il y a un intérêt général humain. Réfléchissez à cette idée. Elle est déflagratrice. Elle passe comme un coup de tonnerre, comme un éclair dans le ciel. Elle est de la même importance que lorsque fut dit pour la première fois qu’il y avait des droits individuels de la personne, qu’une personne n’était pas un objet dans la société, qu’elle n’était pas simplement un attribut du totem fondateur ; aussi extraordinaire que lorsqu’on a établi qu’une aptitude biologique n’était pas un destin, que ce n’est pas parce que le corps des femmes leur permet d’engendrer des enfants que pour autant leur identité est confondue avec cet engendrement. C’est une idée révolutionnaire. Pas seulement pour les femmes, mais pour les êtres humains tous autant qu’ils sont, qui découvrent tout d’un coup qu’ils existent par leur conscience indépendamment de leur corps, indépendamment de leur conditionnement, indépendamment de toutes les matrices qui les constituent, et qui leur permet de s’élever à cette part de l’humanité absolue, radicalement humaine, qui est dans la gratuité du don de soi aux autres. (…)

Il n’y a qu’un seul écosystème qui rend la vie humaine possible, donc il y a un intérêt général humain. Et s’il y a un intérêt général humain, il est plus important que les intérêts particuliers et il a des droits antérieurs aux intérêts particuliers. Alors, deux doctrines, deux doctrines politiques, sont ausitôt refondées, objectivées. Elles cessent d’être une utopie comme une autre. La première, c’est le communisme, car l’écologie politique, en décrétant qu’il n’y a qu’un seul écosystème compatible avec la vie humaine dit donc qu’il y a des biens communs à tous les êtres humains et qui ne peuvent pas être utilisés en particulier les uns contre les autres. L’écologie politique refonde le communisme et l’intuition qu’il porte, et nous oblige à penser l’importance des biens communs de l’humanité autour desquels notre action doit s’organiser pour construire une conscience politique d’un type nouveau, qui n’est pas seulement la conscience de classe, mais qui est la conscience d’appartenir à l’humanité universelle comme à un tout. Donc s’il y a un intérêt général, que le communisme est refondé, le socialisme l’est aussi, car cet intérêt général ne peut pas être discerné vraiment et complètement autrement que librement. Vous ne pouvez pas dire ce qui est bon pour tous si vous êtes dominés, si vous avez peur de le dire, si vous êtes hors d’état de le dire. Par conséquent, l’exigence de la définition en commun d’un intérêt général humain exige l’égalité et la similitude entre ceux qui ont à prendre les décisions qui sont à prendre. L’égalité devient une nécessité : de l’intelligence, du collectif, l’éducation, la santé, toutes les questions qui nous permettent d’être en état de contribuer au bien commun. Voilà comment toutes nos doctrines sont refondées par l’écologie politique. Pas sous la forme d’un mille-feuilles, comme le font d’aucuns : une petite couche de socialisme, une petite couche d’écologie, et enfin une petite couche de république, et on touille tout ça… Et voyez mes ailes : je suis un oiseau. Voyez mes pattes : je suis un rat. Et regardez le tout : je suis une chauve-souris. Non, c’est une doctrine cohérente. Mais vous en voyez immédiatement surgir le coeur. C’est que bien sûr cet intérêt général qui doit être défini librement doit donc, dans l’arène où il se définit, être libéré de toutes les contraintes qui dominent les consciences, et notamment le poids des vérités révélées. C’est pourquoi toutes nos institutions sont nécessairement laïques, non pas pour faire offense à la foi, mais pour permettre que la discussion puisse avoir lieu sur la base d’arguments qui s’opposent les uns aux autres, et où, à la fin, on tranche par un vote qui ne forme pas autre chose qu’une décision, pas une conviction. Quand vous avez voté, vous vous inclinez devant la décision prise mais vous ne changez pas d’avis forcément. Voilà comment ces choses s’emboîtent. Et c’est là que surgît le concept républicain. Car ce qui est demandé à chacun, ce n’est pas de dire ce qui est bon pour lui, ou pour elle, c’est de dire ce qui est bon pour tous. Si l’enjeu de la discussion révolutionnaire est de dire ce qui est bon pour tous, nous sommes obligés de nous arracher tous à nos humus, à nos déterminations, aux injonctions qui nous sont faites par notre situation particulière, pour penser le bien commun. Alors, quel est cet état particulier, quel est le nom que l’on donne à ce moment où l’on cesse d’être seulement préoccupé de soi pour être préoccupé de tous ? Et bien cela porte un nom : dans des institutions libres, c’est le citoyen, camarades. C’est pourquoi notre révolution est citoyenne. Elle est citoyenne parce qu’elle nous indique que son objectif est le bien commun, et non pas le bien particulier. Elle est citoyenne parce qu’elle nous indique que le moyen pour parvenir à ce bien commun, c’est la démocratie politique et la république.

Et au passage, ça nous permet, compte tenu de la profondeur même de l’analyse qui nous conduit à ces conclusions de dire que, pour nous, la liberté et la démocratie, le pluralisme politique, ce n’est pas une concession que nous faisons au capitalisme, ça n’est pas quelque chose dont nous voulons bien entendre parler comme une espèce de moindre mal. Non, c’est la condition même de l’existence de la révolution citoyenne. Nous en avons besoin, de la liberté. Nous avons besoin de points de vue contraires qui s’expriment dans la société pour construire cette conscience civique. (…) »


J.-L. Mélenchon – Discours Fête de l'Huma par lepartidegauche

Adresse aux camarades qui veulent bouder la manifestation du 30 septembre 2012

A l’appel du Front de Gauche, mais aussi d’autres partis, organisations, syndicats et associations, une manifestation unitaire aura lieu le 30 septembre 2012 à Paris (départ 13h30 place de la Nation) contre le TSCG (le traité « Merkozy » qui impose à toute l’Europe l’austérité et la soumission à la finance). Si certaines organisations appellent à manifester simplement « contre » le traité, le Front de Gauche, lui, exige un referendum qui pourrait permettre au peuple, comme en 2005, de se prononcer (le Front de Gauche, dans une telle éventualité, militerait bien évidemment pour le « non »).

Bien que cette manifestation soit l’occasion d’un très large rassemblement de la gauche, certains arguments sont émis ça et là par des camarades sensibles aux sirènes sociales-démocrates ou gauchistes pour en contester le bien fondé ou l’utilité. Il convient d’examiner ces arguments et d’y répondre.

1) Le candidat Hollande avait promis de « renégocier » ce traité. Selon les dirigeants du PS et les ministres du gouvernement Ayrault, il aurait respecté cette promesse, et il n’y aurait donc pas matière à s’opposer à l’adoption du traité par le parlement. Interrogé le 26 août par BFMTV, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et naguère chantre éphémère de la « démondialisation » et du protectionnisme européen, a estimé qu’il est « impossible de voter contre » le traité budgétaire européen qui sera soumis au Parlement en octobre, car il constitue « un progrès considérable » dans « le combat pour la croissance » en Europe. Il a argué notamment de l’ajout d’ « un paquet croissance de 120 milliards d’euros » pour « rééquilibrer les mesures de rétablissement des comptes publics ». Or, même un élu EELV comme Jacques Boutault reconnaît que « François Hollande n’a fait que rajouter, en annexe, un pacte de croissance de 120 milliards d’euros, dont 60 milliards redéployés à partir de fonds déjà votés et 60 autres milliards de nouveaux prêts qui restent à trouver. Mais une annexe n’est pas une renégociation et ne remet pas en cause la logique du traité dont le cœur consiste à renforcer les contraintes budgétaires des Etats en leur interdisant – sous peine d’amende –  un déficit structurel supérieur à 0,5% de leur PIB. » Le traité élaboré par Merkel et Sarkozy n’a donc pas le moins du monde été renégocié. Il fait toujours passer les Etats de la zone euro sous la dictature austéritaire de la Commission européenne et de la BCE.

2) Dans ce qui reste de l’aile gauche du PS, des voix s’élèvent malgré tout contre la ratification du TSCG. Ainsi, la sénatrice Marie-Noëlle Linemann a déclaré qu’elle voterait contre. Mais elle n’envisage pas pour autant de participer à la manifestation du 30 septembre, sous prétexte de ne pas « tendre les deux pôles de la gauche, une qui gère et une qui proteste ». En fait, cette déclaration montre bien, ce qui est assez triste, que seule son appartenance au PS empêche Marie-Noëlle Linemann de se joindre à cette manifestation. Car la tension n’est d’ores et déjà plus entre deux pôles de gauche, mais entre un gouvernement de capitulation appliquant l’austérité de droite d’un côté, et de l’autre « la gauche qui proteste », certes, mais qui est tout à fait prête à « gérer » munie d’un vrai programme de gauche : « L’humain d’abord« . Les militants de l’aile gauche du PS qui n’ont pas encore rallié l’aile droite en échange de postes sont désormais ultra-minoritaires au sein de leur parti, soigneusement verrouillé par Hollande, Ayrault et Aubry. Ils n’ont plus la moindre chance d’y faire valoir une autre ligne que celle qui a valu en Grèce à Papandréou le succès que l’on sait. La seule attitude cohérente pour les membres du PS qui se considèrent encore de gauche est de rejoindre la manifestation unitaire du 30 septembre.

3) En 2005, le peuple français avait voté « non » lors du referendum sur la constitution européenne. Pourtant, les principales clauses de cette constitution sont passées tout de même avec le traité de Lisbonne ratifié sous la présidence de Sarkozy. Du coup, nombre de citoyens se demandent quelle serait l’utilité d’un referendum aujourd’hui, partant du principe qu’un « non » du peuple n’aurait pas plus de chance d’être respecté en 2012 qu’en 2005. Certains même trouvent inutile de manifester pour exiger un referendum car, Hollande étant décidé à faire ratifier le texte par le Parlement (où il dispose de la majorité dans les deux chambres), il n’y aurait aucune chance pour qu’il cède à la pression de la rue. C’est un raisonnement défaitiste qui ne peut pousser qu’à la passivité du peuple, et c’est précisément sur cela que misent le gouvernement, la Commission européenne et les marchés. Le non-respect du vote populaire de 2005 est effectivement un déni de démocratie, ainsi que la casse des retraites en 2010 malgré les milliers de personnes qui ont manifesté pendant des mois pour s’y opposer. Mais c’est justement pourquoi il faut continuer à établir le rapport de force pour obtenir aujourd’hui ou demain ce que nous n’avons pas réussi à obtenir hier. C’est aussi la prise de conscience de ce déni de démocratie qui a permis d’obtenir en 2012 la courte défaite de Sarkozy et la percée des idées défendues par le Front de Gauche dans l’opinion. Il faut enfoncer encore le clou. Même si nous sommes des milliers dans la rue, nous n’obtiendrons peut-être pas satisfaction cette fois-ci, mais nous montrerons notre force et nos idées progresseront encore auprès du peuple au fur et à mesure que l’incapacité de Hollande d’apporter le moindre remède à la crise apparaîtra au grand jour. Et si nous sommes des centaines de milliers puis peut-être des millions, nous deviendrons incontournables et montrerons l’exemple aux autres peuples européens. Si le traité est malgré tout ratifié, il n’aura aucune légitimité et nous n’en serons que mieux fondés à réclamer son abrogation. Si au contraire nous renonçons à nous battre sous prétexte que le combat est perdu d’avance, nous sommes sûrs de réaliser nous-mêmes la prophétie de nos défaites. « Camarades, vous ne savez jamais quel sera le destin d’une lutte, et celui qui la préfigure à l’avance n’est pas des nôtres ! » affirmait avec force Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière fête de l’Humanité.

4) D’après certains militants gardiens auto-proclamés de la pureté révolutionnaire, tels ceux de LO, la lutte contre le TSCG serait celle « qui gêne le moins le gouvernement : les premiers visés sont l’Europe et Merkel, et l’attention des travailleurs est ainsi détournée vers un faux combat ». On peut s’étonner que des militants qui se disent internationalistes ne voient pas que le combat contre l’austérité en Europe voulue notamment par les rentiers allemands est un combat pour les travailleurs français mais aussi pour les travailleurs allemands, grecs, italiens, espagnols, portugais, etc. LO, fidèle à sa stratégie de dénigrement systématique du Front de Gauche, ne recule devant aucune falsification pour faire croire que le combat du Front de Gauche n’est pas un combat social, et serait même un combat nationaliste, ce qui est un contre-sens et une calomnie (sans doute destinée à faire l’amalgame entre ce front-là et le FN). Le TSCG est bel et bien un instrument qui permettra une domination renforcée du Capital. Il est de l’intérêt de tous les travailleurs européens de lutter contre. C’est un vrai combat. Et ceux qui, comme LO, croient qu’un tel combat se mène au détriment des autres se comportent en spectateurs passifs d’un inepte zapping politique et social : ils confondent la lutte et leur canapé devant la télé. La manifestation du 30 septembre, contrairement à ce qu’affirme LO, ne se fera pas « au lieu de proposer aux travailleurs des objectifs pour défendre leur emploi et leur salaire ». Lors de la fête de l’Huma, Jean-Luc Mélenchon rappelait encore : « il faut le travail politique de conscientisation, d’élévation du niveau de la conscience, qui ne s’est jamais acquis autrement que par la discussion, le débat, l’éducation politique, et par la lutte, la lutte, la lutte ! Ne rien lâcher, ne rien céder ! Usine par usine, école par école, entreprise par entreprise ! Ne laissez pas une seule usine être vidée de ses machines, ne laissez pas une seule salle de classe être fermée ! » Non seulement le TSCG aura bien évidemment des conséquences désastreuses sur l’emploi et les salaires, mais surtout la lutte contre le TSCG n’empêche en rien de lutter sur d’autres fronts, par exemple auprès des salariés de Pétroplus ou de Sodimédical et partout ailleurs dans les entreprises, petites ou grandes, ou dans les services publics ; par exemple en réclamant le vote par le parlement de la loi interdisant les licenciements boursiers déjà proposée en février 2012 au sénat par un sénateur communiste et rejetée de justesse malgré le vote favorable des socialistes qui ont dû oublier depuis qu’ils avaient un jour eu tant d’audace… Les militants du Front de Gauche sont présents aussi dans les mouvements sociaux, à travers leurs syndicats notamment. Manifester contre le traité n’empêche en rien les autres luttes. Ce traité, LO prétend que « c’est un chiffon de papier car aucun gouvernement n’a attendu ce traité pour imposer l’austérité aux travailleurs et ce n’est pas ce traité qui oblige les patrons à licencier, à bloquer les salaires et à aggraver l’exploitation ». Mais ce « chiffon de papier » va pourtant bien permettre aux patrons de continuer leur sale besogne dans un cadre qui leur sera encore plus favorable, et les travailleurs encore plus affaiblis et fragilisés seront les principales victimes de ce coup d’Etat. Une fois encore, LO et ceux qui sont sur la même ligne adoptent la stratégie du pire, attendant que le prolétariat réagisse enfin lorsqu’il n’en pourra vraiment plus. On voit pourtant en Grèce qui profite de la ruine du pays et du désespoir : les néo-nazis.

Le peuple de gauche composé de l’ensemble des travailleurs conscientisés n’a aucun intérêt à la passivité et au pourrissement. Il ne se renforcera qu’au fil des luttes, rassemblant un nombre toujours plus large de participants conscients de leurs intérêts de classe. La manifestation unitaire du 30 septembre contre le TSCG en est une étape.

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