A mes camarades qui n’ont pas encore décidé de voter pour Mélenchon

A mes camarades du peuple de gauche :

Camarades anarchistes, communistes libertaires, gauchistes, conseillistes, néo-situationnistes, autonomes,

A vous qui êtes souvent adeptes de l’abstention révolutionnaire, à vous qui pensez que la démocratie bourgeoise est une mascarade, qu’aucun candidat à une élection ne vous représentera jamais, que les élections sont un piège à cons, que si les élections pouvaient changer quelque chose il y a longtemps qu’elles auraient été interdites, je dis : lisez le programme du Front de Gauche, écoutez les discours de Mélenchon. Ne vous fiez pas à ce qu’en disent les chiens de garde de l’oligarchie dans des médias serviles. Pour la première fois depuis bien longtemps, vous pouvez utiliser la démocratie bourgeoise contre elle-même, en apportant votre voix à un candidat qui propose de rendre le pouvoir au peuple et d’en finir concrètement avec la monarchie présidentielle pour fonder une VIè République dont les institutions seront définies non pas par lui-même mais par une assemblée constituante élue par le peuple, à un candidat qui propose de favoriser la reprise des entreprises par des coopératives ouvrières, à un candidat qui, dans le cadre de sa campagne, s’appuie sur les capacités d’auto-organisation du peuple, notamment par des assemblées citoyennes, et dont la première consigne est : « il n’y a pas de consigne ». Aviez-vous juré qu’on ne vous y reprendrait plus ? Avez-vous si peur d’être trahis ou déçus ? Mais qu’avez-vous donc à perdre ? Au pire, votre vote aura témoigné de la portée d’une idée, cette idée dût-elle être ensuite foulée aux pieds par celui-là même qui prétendait la mettre en application. Il sera toujours temps alors d’entrer à nouveau en résistance, et de tenter de conquérir par d’autres moyens ce qui n’aura pu l’être par les urnes. D’ailleurs, il est bien certain que les éventuelles victoires électorales du Front de Gauche ne sont qu’une des conditions nécessaires de la mise en oeuvre de la révolution citoyenne, qui passe aussi par les mouvements sociaux, l’activisme culturel et les pratiques spontanées.

Camarades qui n’êtes pas inscrits sur les listes électorales ou qui refusez malgré tout de contribuer par un vote à l’insurrection populaire qui commence, ne passez pas à côté de ce mouvement. Vous pouvez aussi participer dans la rue, dans les réunions, sur internet…

Camarades trotskystes, communistes révolutionnaires,

A vous qui vous reconnaissez dans les candidatures légitimes de Poutou ou Arthaud, je dis : ne vous voilez pas la face. Il n’est plus temps de seulement témoigner en attendant que les conditions soient enfin réunies pour une révolution prolétarienne. La dynamique du Front de Gauche permet d’ores et déjà la conquête du pouvoir pour prendre des mesures concrètes de résistance à l’oligarchie capitaliste.

Camarades écologistes,

A vous qui vous reconnaissez dans la candidature de Joly, je dis : la seule candidature écologiste crédible est celle de Mélenchon. Il n’y aura dans ce pays de politique écologique que par le biais d’une planification imposée aux puissances économiques.

Camarades communistes, socialistes, sociaux-démocrates, radicaux de gauche,

A vous qui êtes terrifiés par l’hypothèse d’une élimination de la gauche à l’issue du premier tour comme en 2002, et qui êtes donc tentés par le « vote utile », je veux dire : libérez-vous de ce chantage. Parce qu’il a su combattre l’extrême-droite durant cette campagne, Mélenchon a considérablement éloigné ce risque. Du coup, les mêmes qui agitaient l’épouvantail Lepen ont ensuite prétendu que Mélenchon aurait moins de chances de battre Sarkozy au deuxième tour que Hollande. Et si Mélenchon est au deuxième tour contre Hollande, ils trouveront encore le moyen de dire que pour faire gagner la gauche, il vaut mieux voter pas trop à gauche. C’est ridicule. Imaginons même le pire : que Sarkozy soit réélu à la présidence de la République. Catastrophe ? Pas forcément. Ne faisons pas comme Jospin désertant en avril 2002. Il y aura des législatives en juin, et cette fois, il existe un Front de Gauche qui ne capitulera pas en rase campagne. L’Assemblée nationale peut basculer à gauche même si la présidence de la République reste à droite. C’est même un scénario très sérieusement envisagé par les préfets, comme le rapportait le Canard enchaîné du 11 avril 2012. Avec une majorité au Sénat et à l’Assemblée, la gauche toute entière pourrait gouverner et poursuivre la révolution citoyenne en passant outre la présidence. Ne nous laissons pas enfermer à nouveau dans le piège du présidentialisme.

Camarades du peuple de gauche, le 22 avril 2012, relevez la tête et votez sans crainte pour Jean-Luc Mélenchon.

Je re-Mélenchon, et le Front de Gauche devient un Front du Peuple

La vidéo réalisée par l’ergonomiste à partir du morceau de Psychonada « Je re-Mélenchon » a été vue près de 150000 fois. Après la « réplique » de Toulouse et avant celle de Marseille, voici donc une réplique en mode « virtuel » à la re-prise de la Bastille du 18 mars 2012.

Le morceau continue d’être diffusé sur internet (via sites, blogs et journaux en ligne) et même sur des radios comme France-Inter (encore dernièrement dans l’émission de Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis « ). Il aurait aussi été entendu dans différentes manifestations et meetings. Une dissémination spontanée se met ainsi au service de l’insurrection civique.

Enfin, cette parodie citoyenne du « Louxor j’adore » de Katerine figure aussi sur l’album de Psychonada intitulé « Place au Peuple ».

Voilà qui illustre pleinement les propos de Jean-Luc Mélenchon sur son blog :

« A présent le fonctionnement des réseaux sociaux ajoute un espace d’autonomisation et d’enracinement de l’action absolument neuf et d’une puissance inouïe. Cela, je crois que tout le monde parmi vous l’a bien compris. Mais j’observe un fait supplémentaire à propos de ce que permettent ces réseaux. Loin de pousser à une balkanisation de la pensée, des mots d’ordre ou des angles d’analyses, il se produit au contraire une homogénéisation croissante de ceux qui s’impliquent ! On voit même une diffusion accélérée d’un vocabulaire commun et parfois même d’objets très sophistiqués tels que chansons, slogans, et même de consignes d’action, rendez-vous militants et ainsi de suite. Je sais bien que ce n’est pas le moment, mais dans mon esprit une refonte complète de ma manière de penser l’action de parti et le travail d’éducation populaire est en train de se faire. Je pense cependant que le niveau d’auto-organisation que je constate est un signal politique de l’état de ce qui se passe dans la profondeur du pays et pas seulement dans la périphérie de nos organisations ni même de leur deuxième cercle. Je crois que le Front de Gauche devient un Front du peuple et que cette mutation le transforme en une entité politique de masse, une sorte de Front populaire en quelque sorte. »

Fait-divers : la démocratie en suspens

Nous l’écrivions le 15 janvier dernier : « d’ici l’élection présidentielle d’avril-mai 2012, on peut donc s’attendre à coup sûr à ce que TF1, ou quelque autre média national-sarkozyste, s’efforce de créer dans l’opinion, grâce à un fait- divers opportun, le réflexe de peur qui permettra à Sarkozy de reconquérir son électorat ». Ce fait-divers s’est produit, hélas, avec la tuerie de Toulouse. L’ex-presse et le landernau politicomédiatique se sont rués sur l’événement avec force démonstrations d’émotion. L’agité de l’Elysée a fait ce qu’il sait faire le mieux : il s’est agité. Ces gesticulations stériles n’ont qu’un but : tirer parti de ce fait divers tragique pour créer une atmosphère anxiogène. Dans un tel climat de peur, l’électorat pourrait avoir le réflexe de se tourner vers le pouvoir en place, surtout si celui-ci se présente comme autoritaire et répressif. Et pendant ce temps, rares sont ceux qui chercheront à analyser rationnellement la situation.

Un dingue en scooter a tué 3 enfants et un enseignant dans une école juive. C’est probablement le même homme qui avait tué auparavant trois militaires et blessé un quatrième. « Le tueur est sûrement raciste et xénophobe » a confié un enquêteur à Sud-Ouest. Peur sur la ville donc, et activation du plan Vigipirate écarlate, alors même que le plan Vigipirate était de toutes façons déjà activé depuis des années sur tout le territoire. Pour un seul tueur. Que fera-t-on en cas d’attaque terroriste massive ? Pourtant, le simple bon-sens devrait permettre de dire qu’aucune mesure ne peut empêcher un homme seul et déterminé de nuire, et que l’arrestation du criminel ne pourra être obtenue que par un travail d’enquête qui peut être long, et qui ne sera en rien aidé par de telles gesticulations, l’arrivée des people politiques sur place étant plutôt de nature à gêner le travail des enquêteurs. S’agit-il donc de rassurer la population et d’éviter la panique par une présence militaire et policière symbolique ? Mais l’omniprésence d’hommes en armes dans les rues et les lieux publics est-elle vraiment de nature à rassurer le quidam ? N’est-ce pas plutôt une manière de signifier à chacun qu’il court un danger ?

Selon l’ex-Libération, « la presse française espérait mardi que les candidats éviteraient ensuite toute récupération politique ». Pourtant, cette agitation disproportionnée est en elle-même une récupération politique, et ce fait-divers atroce ne peut être extrait du contexte politique dans lequel il s’est produit. « A force de nier les communautés, on a déclenché quelque chose de terrible. On a désigné le hallal, puis on a désigné le casher… Il y a aujourd’hui une atmosphère très malsaine en France », a déclaré Marek Halter. Comme si le communautarisme pouvait être un remède au racisme ! Mais Marek Halter a tout de même raison sur un point : il y a aujourd’hui une atmosphère malsaine en France. « Brasillach est servi » rappelle judicieusement Mélenchon sur Twitter (@melenchon2012). Si l’enquête confirme les motivations racistes du tueur, il faudra dire avec force qu’un passage à l’acte raciste est rendu possible par la légitimation du racisme et désigner nommément les responsables de cette légitimation : la famille Le Pen qui cite publiquement Brasillach (collabo auteur de la formule : «il faut se séparer des Juifs en bloc et ne pas garder les petits »), la même famille Le Pen qui condamnait en juillet 2011 la prétendue « naïveté » du gouvernement norvégien sur « l’immigration massive » plus que les actes criminels du tueur raciste Anders Breivik, Claude Guéant qui a tenu, entre autres, des propos infâmes et stupides sur les civilisations, Nicolas Sarkozy, qui ne cesse de stigmatiser les immigrés à coups de mensonges destinés à séduire l’électorat lepéniste…

A présent, l’ex-presse et le landernau politicomédiatique unanimes voudraient mettre la campagne électorale « en suspens ». Nonobstant le fait qu’en se ruant sur les lieux de la tuerie Sarkozy, Hollande ou Bayrou ne font rien d’autre qu’être bel et bien en campagne (pas besoin d’être sur place pour s’indigner, si ce n’est pour le spectacle), il convient d’affirmer à l’encontre des éditocrates et des politicards que la démocratie n’a pas à être mise en suspens par un fait-divers, aussi tragique soit-il. Va-t-on donc annuler les élections si un crime médiatisé est commis la veille du scrutin ? Cut the crap ! Le premier criminel venu peut-il faire taire le débat démocratique ?

 

Cette tendance à l’abrutissement général, à l’étouffement de tout débat et de toute réflexion dans l’immédiateté des gesticulations médiatiques et du spectacle de l’émotion, culmine avec une décision du petit président de l’ex-République rapportée par l’AFP : « toutes les écoles de France vont observer mardi une minute de silence à la mémoire des trois enfants et du professeur assassinés lundi dans une école juive de Toulouse par le tueur à scooter qui est désormais l’homme le plus recherché du pays, mobilisant des moyens d’exception ». En quoi une minute de silence va-t-elle faire avancer l’enquête ? Est-ce en se taisant que les enseignants vont expliquer les dangers du racisme à leurs élèves ? Ce n’est pas par le silence qu’on combat les crimes fascistes ! Et pourquoi une minute de silence à la mémoire des victimes assassinées dans l’école juive et pas pour les autres victimes probables du même tueur (les militaires noirs ou arabes) ? S’agit-il de montrer aux enfants qu’il y a des victimes plus émouvantes que les autres ? Quelle mascarade !

Contre le fascisme, le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, ne nous taisons pas. Résistons.

Le 18 mars, je re-Mélenchon

Voici une parodie de « Louxor j’adore » (Philippe Katerine), à fredonner le 18 mars lors de l’insurrection civique du Front de Gauche à la Bastille. En ogg ou en mp3, je re-Mélenchon.

La démocratie n’est pas compatible avec l’économie de marché

Lu dans Circus politicus de Christophe Deloire et Christophe Dubois (aux éditions Albin Michel, 2012) :

« Le 8 juillet 2011, Suzanne Berger, professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) […] prend la parole en revenant sur le débat très ancien libéralisme-démocratie. Elle va tenir des propos éclairants :

Les fondateurs de la République américaine étaient profondément préoccupés de la question de savoir s’il était possible d’avoir en même temps un gouvernement démocratique et un système économique fondé sur la propriété individuelle. Comme James Madison l’expliquait, le plus grand danger pour une démocratie est que les citoyens s’organisent, se mobilisent, “s’instituent en factions” pour promouvoir la demande majoritaire de redistribution par rapport au droit à la propriété¹.

Suzanne Berger n’invente rien. James Madison, dont elle a prononcé le nom, n’est pas n’importe qui. Coauteur de la Constitution américaine, il fut le quatrième président des Etats-Unis. Pour Madison, “le gouvernement représentatif n’était pas une modalité de la démocratie, c’était une forme de gouvernement essentiellement différente et, de surcroît, préférable”. Il considérait que démocratie et économie de marché n’allaient pas de pair. “Les démocraties, écrivait-il, ont toujours été des spectacles de turbulences et de contestations […] incompatibles avec la sécurité personnelle et le droit à la propriété².” »

CQFD. La démocratie réelle reste à conquérir contre l’oligarchie qui se cache (de moins en moins) derrière une démocratie formelle. Cut the crap et place au peuple !

1. Suzanne Berger, Liberalism vs democracy, a turning point, intervention aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence, juillet 2011.
2. Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1995.
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