Manifestations

« Contrairement à ce que dit la presse de droite, le fait que la France manifeste est un signe de bonne santé et de démocratie. Ce sont les pays qui ne manifestent pas qui sont imbéciles, qui se laissent faire, peut-être parce que leur goût de la liberté est émoussé. »

Bernard Maris, « René et les duellistes », Charlie Hebdo n°959, 3 novembre 2010.

Démocratie ou propriété individuelle

« Le 8 juillet 2011, Suzanne Berger, professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) […] prend la parole en revenant sur le débat très ancien libéralisme-démocratie. Elle va tenir des propos éclairants :

— Les fondateurs de la République américaine étaient profondément préoccupés de la question de savoir s’il était possible d’avoir en même temps un gouvernement démocratique et un système économique fondé sur la propriété individuelle. Comme James Madison l’expliquait, le plus grand danger pour une démocratie est que les citoyens s’organisent, se mobilisent, “s’instituent en factions” pour promouvoir la demande majoritaire de redistribution par rapport au droit à la propriété¹.

Suzanne Berger n’invente rien. James Madison, dont elle a prononcé le nom, n’est pas n’importe qui. Co-auteur de la Constitution américaine, il fut le quatrième président des Etats-Unis. Pour Madison, “le gouvernement représentatif n’était pas une modalité de la démocratie, c’était une forme de gouvernement essentiellement différente et, de surcroît, préférable”. Il considérait que démocratie et économie de marché n’allaient pas de pair. “Les démocraties, écrivait-il, ont toujours été des spectacles de turbulences et de contestations […] incompatibles avec la sécurité personnelle et le droit à la propriété².” »

1. Suzanne Berger, Liberalism vs democracy, a turning point, intervention aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence, juillet 2011.

2. Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Calmann-Lévy, 1995.

Christophe Deloire et Christophe Dubois, Circus politicus, Albin Michel, Paris, 2012.

Conscience de classe

« Le peuple ne se voit plus comme tel, la société se croit une collection indistincte d’individus […]. L’oligarchie, elle, a une conscience de classe aiguisée, une cohérence idéologique sans faille, un comportement sociologique parfaitement solidaire. »

Hervé Kempf, L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, éditions du Seuil, Paris, 2011.

En-dehors

« Nous allions voir de jeunes végétariens engager des luttes sans issue contre la société entière. D’autres conclurent : “Soyons des en-dehors, il n’y a de place pour nous qu’en marge de la société”, sans se douter que la société n’a pas de marge, qu’on y est toujours, y fût-on au fond des geôles, et que leur “égoïsme conscient” rejoignait par le bas, parmi les vaincus, l’individualisme bourgeois le plus féroce. D’autres enfin, dont j’étais, tentèrent de mener de pair la transformation individuelle et l’action révolutionnaire (…). »

Victor Serge, Mémoires d’un révolutionnaire (1905-1945), Lux Editeur, Montréal, 2010.

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