Fake news

“(…) les fake news viennent aussi bien de la population, de la société civile, que du gouvernement. Du côté des autorités, des ministres et des députés, on voit partir des fausses nouvelles comme la légende de la personne effectuant un salut nazi sur les Champs-Elysées, démontrant ainsi par l’image que le mouvement est synonyme de la peste brune (alors qu’il s’agissait d’un brave pépère qui faisait un “Ave Macron” ironique)…, ou des policiers défigurés à l’acide par les manifestants. Nouvelles qui sont parfaitement fausses et que certains députés et ministres devraient vérifier avant de les partager sur Internet et dans les médias traditionnels.

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Guerre civile

“Il est piquant de voir d’anciens dirigeants vedettes de Mai 68, ayant par exemple écrit en 1969 “Vers la guerre civile” ou fantasmé sur la lutte armée comparer la douceur quasi évangélique de Mai à la brutalité des manifestants (non déclarés en préfecture !) cinquante ans plus tard.”

François-Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia,
Dans la tête des Gilets Jaunes, V.A. éditions, 2018

Monarchie

“Tout à l’Elysée est basé sur ce que l’on peut vous prêter en termes de proximité avec le chef de l’Etat. Est-ce qu’il vous a fait un sourire, appelé par votre prénom, etc. C’est un phénomène de cour.”

Alexandre Benalla,
cité par Gérard Davet et Fabrice L’Homme,
Le Monde du 26 juillet 2018

Plèbe

“Si l’on s’accorde à dire que la notion de peuple circule principalement entre trois pôles principaux : le mos, qui entend le peuple dans un sens d’abord juridique et électoral ; l’ethnos, qui considère le peuple comme le socle d’une communauté et d’une identité, et la plebs, qui définit le peuple dans un sens social, le soulèvement des gilets jaunes vient rappeler qu’il existe une autre configuration possible que le face-à-face mortifère entre des démocraties représentatives qui ne le sont plus et des thuriféraires d’un peuple exclusif, voire homogène.

Face au dèmos et à l’ethnos, le terme de plebs dessine une idée du peuple en tant qu’il se situe dans une situation de domination et qu’il menace toujours de déborder, d’excéder un cadre politique dont il est à la fois le centre abstrait et le relégué fréquent. C’est ce peuple qui, en tant qu’il constitue une notion dynamique, demeure le sujet inévitable d’une démocratie qu’on ne réduirait pas à son formalisme institutionnel et dont on ne gommerait pas la dimension conflictuelle. C’est cette idée d’un peuple qui ne serait jamais identique à ce qu’on veut y voir, qu’il s’agisse d’une population électorale ou d’un fantasme identitaire, voire même d’une foule révolutionnaire, que celles et ceux qui veulent disqualifier les gilets jaunes, au motif de la violence, de l’ombre de l’extrême droite ou des dangers bien réels qui pèsent sur la démocratie représentative, ne peuvent aujourd’hui rejeter.

Joseph Confavreux, «Gilets jaunes»:
la querelle des interprétations
, Médiapart, 18 janvier 2019.

Ma réponse à Cronma

Salut Manu,
Tu nous prends vraiment pour des quiches avec ta lettre pour neuneus.

Je te cite :


“Mais il y a pour cela une condition : n’accepter aucune forme de violence.”

Mais la violence, elle vient de toi, Mr Flashball.


“Je n’accepte pas, et n’ai pas le droit d’accepter la pression et l’insulte”

C’est pour ça que tu n’arrêtes pas de nous traiter de “Gaulois réfractaires”, “rien”, “fainéants”, “cyniques”… ? Baltringue.


“Pour moi, il n’y a pas de questions interdites.”

Gros appel du pied aux fachos et aux réacs pour qu’ils fassent comme avec la consultation bidon du CESE.


“Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet”

Menteur. Ton projeeeeet, la majorité de tes propres électeurs n’en voulait pas. Ils ne t’ont élu que par peur du fascisme.


“Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage”

Donc ton pauvre débat est fantoche, tartuffe.


“Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique.”

Ben voyons. Tu nous enfumes en tenant pour acquis qu’il faudrait faire baisser la masse des impôts alors qu’il faut surtout que les riches paient enfin leur juste part et que tout l’effort ne repose pas sur la classe moyenne.


“Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ?”

Supprimons la propriété lucrative. C’est elle qui nous coûte cher.


“Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ?”

Ouais, la présidence de la République, c’est trop cher. Gouvernons-nous nous-mêmes.


“des tensions et des doutes liés à l’immigration et aux défaillances de notre système d’intégration”

C’est toi qui défailles, rigolo, en traitant les immigrés comme de la merde.


“La question de la laïcité est toujours en France sujet d’importants débats.”

Pas touche à la loi de 1905. Diversion grossière pour diviser le peuple et faire oublier tes turpitudes antisociales.


Ton débat, c’est du flan.
Nous débattrons nous-mêmes dans nos assemblées populaires.
Dégage.

La LICRA, passerelle vers la droite ?

Le 20 décembre 2018, la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) publiait un communiqué attaquant violemment le député François Ruffin :

“Le plus grave est en effet intervenu lorsqu’il a exprimé, au sujet du référendum d’initiative citoyenne, des remerciements inattendus : « Oh, il n’a pas fleuri par hasard, il a fleuri parce que des hommes de conviction, nommons-les, Etienne Chouard et ses amis, ont semé, ont arrosé, depuis des années ». Puisque Monsieur Ruffin a choisi de nommer Etienne Chouard, nul ne doit ignorer l’idéologie d’un homme qui figure désormais au Panthéon des Insoumis sans que cela ne suscite, en dehors de Clémentine Autain, la moindre réprobation du parti de Jean-Luc Mélenchon.”

Mario Stasi, président de la LICRA

On conviendra avec Clémentine Autain que François Ruffin aurait pu s’abstenir de citer publiquement un personnage aussi sulfureux que Chouard, non seulement à cause de son confusionnisme, de son complotisme et de ses accointances avérées avec l’extrême-droite la plus ignoble, mais aussi parce que la manière dont Chouard fétichise le RIC risque non seulement de désarmer le mouvement social des Gilets Jaunes mais de nuire à la cause même du RIC. Pour autant, la façon dont Mario Stasi pointe cette erreur est elle-même problématique. En effet, si Ruffin accorde une reconnaissance au rôle de Chouard dans la popularisation du RIC (rôle qu’il serait objectivement difficile de nier, quoi qu’on pense de Chouard), il est totalement abusif d’affirmer que cet homme figurerait désormais “au Panthéon des Insoumis”. Plus loin, Stasi ajoute que Ruffin aurait pour devoir “de ne pas engager un dialogue cauteleux avec des ennemis de la République”, sous-entendant qu’en citant Chouard il ne respecterait pas ce devoir. Il parle même ensuite de “déclaration d’amour de François Ruffin à Etienne Chouard”. Or, on aura beau lire et relire la déclaration de Ruffin, on ne risque pas d’y trouver une “déclaration d’amour”, ni même l’amorce d’un dialogue complaisant avec Chouard. On y trouvera juste la reconnaissance factuelle du militantisme “de conviction” de Chouard en faveur du RIC. Bien qu’étant moi-même adversaire résolu du fétichisme chouardien, je suis bien obligé de reconnaître que Ruffin ne dit en l’occurence que l’exacte vérité. Mais si reconnaître de la conviction chez quelqu’un équivaut à une “déclaration d’amour”, il va falloir réviser sérieusement le concept même d’amour… ou peut-être tout simplement envisager l’hypothèse que Mario Stasi pratique ici une bien curieuse novlangue.

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Oui au RIC, non au fétichisme du RIC

Le mouvement des Gilets Jaunes a connu plusieurs phases : d’abord apparu comme un mouvement anti-fiscal aux relents poujadistes, il s’est enrichi ensuite de revendications sociales et démocratiques à dominante progressiste (au point qu’une bonne partie d’entre elles figurent déjà dans le programme “L’Avenir en commun” de la France Insoumise) qui ont permis à certains militants de gauche ou syndicalistes d’abord réticents (j’en suis) de converger finalement avec cette lutte populaire. D’abord cantonné à un blocage des flux, le mouvement a ensuite pris une dimension insurrectionnelle avec des assauts lancés contre les lieux de pouvoir (Elysée, préfectures…). Après plus d’un mois d’actions soumises à une répression sans précédent de la part d’un pouvoir aux abois, une revendication a émergé parmi les Gilets Jaunes, sur les ronds-points occupés, les barrages, dans les groupes Facebook, les boucles Telegram, via aussi certains des initiateurs du mouvement : le Referendum d’Initiative Citoyenne (RIC). 

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Modération

“Il faut le dire, la modération a engendré autant d’atrocités que la révolution, et sans doute beaucoup plus. (…) Pour entretenir et transmettre un système de valeurs, il faut cogner, matraquer, incarcérer, jeter dans des camps, flatter, acheter : il faut fabriquer des héros, faire lire des journaux, dresser des poteaux d’exécution, et parfois même enseigner la sociologie.”

Barrington Moore, Les Origines sociales de la dictature
et de la démocratie,
 François Maspero, Paris, 1969.

Populisme

“Le concept de “populisme”, si vague et si général qu’il permet d’englober des courants que presque tout oppose (par exemple le Front national et la France insoumise actuellement en France), joue aujourd’hui un rôle de mise en équivalence de l’extrême-droite et de la gauche radicale dévolu autrefois, au temps de la guerre froide, au concept de “totalitarisme”. (…) On se souvient que, lorsque Syriza parvint au pouvoir en Grèce en janvier 2015, Alexis Tsipras fut qualifié de “populiste” par tout ce que l’Europe compte d’idéologues néo-libéraux, voire parfois de “national-populiste”, en raison de la rupture que son parti préconisait alors avec les politiques d’austérité d’une brutalité inouïe imposées à la Grèce depuis 2009. Que ces accusations de “populisme” aient cessé dès la trahison par A. Tsipras du programme sur lequel il avait été élu, démontre s’il le fallait qu’une telle catégorisation — ou du moins l’usage qui en est fait dans le débat public — a (notamment) pour fonction de couvrir d’un même opprobre toutes les forces qui contestent la mondialisation et/ou l’Union européenne, avec des motivations et des objectifs politiques qui peuvent être radicalement opposés. Continuer la lecture de « Populisme »

Soulèvement

“(…) l’histoire montre que les classes populaires se soulèvent comme un seul homme pour former un “peuple” uniquement lorsqu’elles sont convaincues de leur bon droit. Plus précisément, il faut qu’elles soient animées par une croyance collective suffisamment puissante pour affronter un pouvoir impitoyable et accepter une issue qu’elles savent pertinemment tragique.

Ce genre d’étincelles, quand on y regarde de près, ne surgit jamais des classes populaires elles-mêmes mais de la classe qui rationnalise les croyances : les intellectuels. L’étincelle résulte généralement des frottements qui se produisent dans le monde des dominants, opposant ceux qui défendent le pouvoir en place et ceux qui le contestent. Le génie d’un peuple en arme réside dans les formes d’appropriation de la critique, les usages radicaux qu’il en fait, en prenant au mot les théoriciens de la dissidence.”

Gérard Noiriel, Une histoire populaire de la France,
De la guerre de Cent Ans à nos jours, Agone, 2018, p. 66

Bourgeois

“J’appelle donc bourgeois de chez nous un Français qui ne doit pas ses ressources au travail de ses mains ; dont les revenus, quelle qu’en soit l’origine, comme la très variable ampleur, lui permettent une aisance de moyens et lui procurent une sécurité, dans ce niveau, très supérieure aux hasardeuses possibilités du salaire ouvrier ; dont l’instruction, tantôt reçue dès l’enfance, si la famille est d’établissement ancien, tantôt acquise au cours d’une ascension sociale exceptionnelle, dépasse par sa richesse, sa tonalité ou ses prétentions, la norme de culture tout à fait commune ; qui enfin se sent ou se croit appartenir à une classe vouée à tenir dans la nation un rôle directeur et par mille détails, du costume, de la langue, de la bienséance, marque, plus ou moins instinctivement, son attachement à cette originalité du groupe et à ce prestige collectif.”

Marc Bloch, L’étrange défaite, 1940.

Mouvement

“Le rôle, le travail et le quotidien d’Hitler depuis sa sortie de prison ne se limitent cependant pas à enjôler des cadres de toutes les organisations de l’extrême-droite allemande. Il est bien entouré et conseillé, et songe à l’organisation concrète d’un mouvement d’extrême-droite puissant, qui permette de capter à son profit toute l’énergie revancharde de ceux qui estiment que l’Allemagne est une victime de la guerre et de la paix, et pour qui la démocratie parlementaire et libérale de la République de Weimar constitue un régime foncièrement antiallemand, devant être balayé pour que le pays reprenne la maîtrise de son destin. Pour cela, il faut un parti et un mouvement qui impliquerait une contre-société prête à se substituer à l’organisation sociale existante le moment venu. Continuer la lecture de « Mouvement »

Information

“C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. La grande cause socialiste et prolétarienne n’a besoin ni du mensonge, ni du demi-mensonge, ni des informations tendancieuses, ni des nouvelles forcées ou tronquées, ni des procédés obliques ou calomnieux. Elle n’a besoin ni qu’on diminue et rabaisse les adversaires, ni qu’on mutile les faits. Il n’y a que les classes en décadence qui ont peur de toute la vérité :: et je voudrais que la démocratie socialiste, unie à nous de cœur et de pensée, fût fière bientôt de constater avec nous que tous les partis et toutes les classes sont obligés de reconnaître la loyauté de nos comptes rendus, la sûreté de nos renseignements, l’exactitude contrôlée de nos correspondances.”

Jean Jaurès, premier éditorial de L’Humanité, 1904

Pub

“L’irruption d’Internet a changé les équilibres financiers de la presse, c’est une évidence. Elle a mis celle-ci face au défi du gratuit, rebattu les cartes avec les publicitaires, créé de nouveaux kiosques mondiaux de l’information, comme les monstres américains Facebook et Google, dont la mainmise étrangle tout le monde. Mais elle n’a aucunement créé ex-nihilo ces problèmes financiers.  Continuer la lecture de « Pub »

En même temps

Nommé chef du gouvernement, [Manuel Valls] était (…) devenu l’un des plus stupéfiants praticiens de ce qu’Orwell avait jadis appelé la “double pensée” .  Assurer deux choses totalement contradictoires, et croire en même temps aux deux, avec la même conviction. Asséner avec force une idée, tout en appliquant exactement l’idée contraire, sans remarquer le moins du monde le problème. Affirmer, par exemple, la nécessité de suspendre certains droits démocratiques, et en même temps que le gouvernement est le gardien de la démocratie. Ce genre de torsions mentales semblait tout à fait spontané à Manuel Valls, qui s’était longtemps pris pour un Tony Blair français, avant de s’épanouir en héritier de Guy Mollet. Ainsi pouvait-il redouter la mort de la gauche, tout en réclamant la même années dans les colonnes de “l’Obsolète” que la gauche explosât enfin afin d’opérer une clarification. Ainsi pouvait-il piétiner le vote des parlementaires à grand renfort d’arbitraire, tout en affirmant que sa mission était de consolider la démocratie. Ainsi pouvait-il s’attaquer avec une brutalité sans équivalent au Code protecteur du travail, à seule fin affichée de donner plus de pouvoir aux travailleurs. Ses raisonnements étaient à la fois totalement tordus et absolument sincères. Continuer la lecture de « En même temps »

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