Don’t you know it’s gonna be alright ?

La casse du 1er mai 2018 est critiquable parce que contre-productive dans ce contexte précis où il n’y avait aucune position tenable à conquérir de la part du mouvement social contre la flicaille (autrement mieux équipée qu’en mai 68, il y a 50 ans) et où l’urgence était plutôt d’élargir ce mouvement encore bien faible en mobilisant la fraction du peuple qui reste passive alors même qu’elle souffre de la casse sociale opérée par Macron. Au stade où nous en sommes de la lutte, opposer une autre casse à cette casse-là ne peut que servir de repoussoir et affaiblir le mouvement.

Cela ne veut pas dire pour autant que toute « casse » est à exclure par principe. La capacité de riposte des zadistes de Notre-Dame-des-Landes contre la violence d’Etat a ainsi eu le mérite de permettre de tenir une position pendant des années. On peut d’ailleurs déplorer que les 1200 « black blocs » (dont les actes et le nombre ont tant fait gloser les médias le 1er mai) n’aient pas préféré tenir les forteresses qu’auraient pu constituer les facs de Tolbiac ou de Censier quelques jours plus tôt. Il y avait là sans doute des positions symboliques à conserver par la force du nombre et l’usage d’un certain degré de violence. Au lieu de quoi les affrontements et la casse du 1er mai ont servi de prétexte à faire reculer (et à détourner) le cortège syndical, et n’ont sans doute fait que convaincre les citoyen·ne·s venu·e·s manifester avec enfants ou personnes en état de fragilité qu’il faudrait désormais y réfléchir à deux fois avant de risquer d’aller se faire gazer en famille. Ces citoyen·ne·s feront hélas sans doute défaut lorsqu’il faudra encore faire nombre. C’est donc à mon sens une erreur stratégique que ce déploiement de violence à ce moment-là. Et c’est une violence imposée à un mouvement dont les instances syndicales avaient adopté une autre stratégie ce jour-là (quoi qu’on puisse penser d’elles, elles sont désignées démocratiquement par leurs adhérents). Continuer la lecture de « Don’t you know it’s gonna be alright ? »

Modeste contribution à la boîte à idées de la FI à propos de l’organisation du mouvement

Pour être crédible, la France Insoumise doit s’appliquer à elle-même son propre programme. On ne peut convaincre le peuple de la nécessité d’une 6e République démocratique si on ne fonctionne pas de façon démocratique. Le peuple a trop longtemps été trompé par des partis dont les actes trahissaient toujours les paroles. Nous avons un devoir d’exemplarité.

La direction du mouvement doit donc être élue. La direction actuelle s’est instituée elle-même, ce qui était compréhensible dans le cadre d’une campagne électorale, avec un mouvement constitué ex-nihilo pour soutenir un candidat dans dans le cadre d’un scrutin uninominal très personnalisé. Mais nous passons à une autre séquence. Il faut donc une direction élue, de préférence paritaire, avec un mandat limité dans le temps. Continuer la lecture de « Modeste contribution à la boîte à idées de la FI à propos de l’organisation du mouvement »

Droit de réponse à Philippe Cohen-Grillet, à propos de la considérable affaire Corbière

Je ne connais pas personnellement Alexis Corbière.
J’ai été membre de 2012 jusqu’à cette année du même parti que lui, mais en désaccord avec certains aspects de l’organisation de la France Insoumise, comme je l’ai évoqué ici-même, je prends actuellement quelque distance avec ce mouvement. On pourra donc difficilement me reprocher de prendre la défense d’Alexis Corbière par esprit de clocher. Je ne crois pas d’ailleurs qu’il ait vraiment besoin de mes services pour se défendre, mais étant attaché à une certaine forme d’honnêteté intellectuelle, je n’aime pas la mesquinerie crasse. Continuer la lecture de « Droit de réponse à Philippe Cohen-Grillet, à propos de la considérable affaire Corbière »

La France Insoumise à l’épreuve de ses contradictions

Une séquence électorale s’achève, qui m’aura vu initier en février 2016, dans la ville où je réside, un groupe d’appui à la candidature de Jean-Luc Mélenchon (passé en un peu plus d’un an de 6 à 110 membres subdivisés en plusieurs nouveaux groupes d’appui), militer sans réserve pour la campagne de l’élection présidentielle, puis, de façon plus problématique, pour celle des législatives.

Dans ma circonscription, Jean-Luc Mélenchon était arrivé en tête de l’élection présidentielle, avec 14219 voix, soit 39,12% des suffrages exprimés. Aux élections législatives, le candidat de la France Insoumise, n’a obtenu que 3756 voix au premier tour, soit 19,35% des suffrages exprimés, loin derrière le candidat de la droite macroniste (qui avait obtenu 5304 voix, soit 27,32% des suffrages exprimés) — et même dans ma commune (un peu plus gentrifiée que l’ensemble de la circonscription) derrière la candidate du PS, une ancienne ministre emblématique de l’oligarchie ordolibérale — mais loin devant le candidat du PCF, du FN ou de la droite UDI-LR. Au second tour, le candidat de la FI a rattrapé son retard en étant élu avec 9196 voix, soit 55,01% des suffrages exprimés face à son adversaire macroniste (7522 voix, soit 44,99% des suffrages exprimés), dans un contexte d’abstention massive (62,18% et 65,91% des inscrits aux 1er et 2nd tours).
Mission quand-même accomplie, donc, pour les militants locaux qui ont contribué dans la foulée de la dynamique nationale à faire de la France Insoumise la première force politique de la circonscription et à porter au parlement un des 17 députés de la France Insoumise.
Pourtant, cette victoire dont je me réjouis ne saurait masquer les problèmes de fond qui se sont posés durant cette campagne et que je voudrais verser au débat (maintenant que cela ne risque plus de nuire à la campagne) dans le but de nourrir la réflexion nécessaire sur le fonctionnement de la France Insoumise.

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