Minorité de casseurs

« Christophe Castaner déclarait, le 7 décembre 2018, qu’“environ 10000 ‘gilets jaunes’ dans toute la France, ce n’est pas le peuple, ce n’est pas la France, c’est une petite minorité”. Le prenant au mot, nous lui répondons ceci : quelques milliers d’ultra-riches en “costard sombre” ce n’est pas le peuple, ce n’est pas la France, c’est une petite minorité. On ne peut pas les laisser, ces factieux à Rolex, ces casseurs en col blanc, continuer à piller nos vies. »

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot,
Le président des ultra-riches,
Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron
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La Découverte, 2019

Risque

« Richard Ferrand, président du groupe En marche ! à l’Assemblée nationale, eut un jour une formule involontairement prophétique : “Emmanuel Macron, déclarait-il en octobre 2017, n’est pas le président des riches, c’est le président du risque.” Ce qu’il voulait dire par là, en bonne novlangue néolibérale, c’est qu’il était le président des actionnaires — ces rentiers irresponsables que l’on nous dépeint depuis les années 1980 comme des investisseurs intrépides. Mais l’expression prend à présent un autre sens. Du fait du rejet massif que sa politique oligarchique, trop voyante, trop arrogante, a réussi à concentrer sur sa personne, Macron représente désormais un risque politique pour la classe sociale dont il a voulu trop agressivement — trop “intelligemment”, diront certains — défendre les intérêts. »

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot,
Le président des ultra-riches,
Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron
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La Découverte, 2019

Cynisme

« Christophe Barbier, l’“éditocrate” de L’Express, s’est fendu d’une analyse censée mieux éclairer la stratégie du président (…). Question du présentateur, le 27 août 2018 sur BFM TV : “Des retraités en colère, est-ce que ça peut être dangereux pour Macron ?” Réponse : “A long terme je ne crois pas. Pour plusieurs raisons. D’ici la fin du quinquennat il y aura peut-être l’occasion de donner un petit peu aux retraités. […] Ensuite, […] sans tomber dans le cynisme, il y a beaucoup des plus âgés de ce pays qui ne seront plus électeurs en 2022 parce qu’ils seront morts. Et voilà !” Sans tomber dans le cynisme, donc. Toutefois, la colère des “gilets jaunes” a fait reculer Emmanuel Macron, qui a annoncé le 10 décembre 2018 que la hausse de la CSG ne concernerait au final que les retraités touchant plus de 2000 euros. »

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot,
Le président des ultra-riches,
Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron,
La Découverte, 2019

Police

« Cela ressemble à une loi physique. Plus l’ordre social perd de son crédit, plus il arme sa police. Plus les institutions se rétractent, plus elles avancent de vigiles. Moins les autorités inspirent de respect, plus elles cherchent à nous tenir en respect par la force. Et c’est un cercle vicieux parce qu’à la croissante débauche de force répond une efficacité toujours moindre de celle-ci. Le maintien de l’ordre est l’activité principale d’un ordre déjà failli. »

Comité invisible, Maintenant, La Fabrique, 2019, p.109

Violence

« C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura pas d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense. »

Nelson Mandela, Un long chemin vers la liberté, 1996

Ennemi intérieur

« C’est donc gagné pour les black blocs, leur démonstration est faite. Leur stratégie de toujours est de démontrer, en organisant l’affrontement systématique avec les forces de l’ordre, que la nature profonde de tout État capitaliste est autoritaire ou dictatoriale. Nous y sommes, l’État mobilise la troupe pour endiguer et mieux réprimer un mouvement social désormais considéré comme « un ennemi intérieur », seul motif d’engagement de l’armée sur le territoire national, comme l’ont rappelé les successifs livres blancs sur la défense. »

François Bonnet, « Emmanuel Macron, le vertige autoritaire »,
Médiapart, 21 mars 2019

Sondage : près de 30% des Français comprennent les violences du 16 mars !

… mais 86% ne comprennent pas les violences de l’Etat macroniste et des capitalistes.

Une fois n’est pas coutume, nous allons commenter les horoscopes, notamment un sondage de l’institut ELABE pour BFMTV (pour notre plus grand étonnement, il paraît que la télévision existe toujours en 2019 et qu’il y a toujours des gens qui la regardent : incroyable ! putain, je suis sur le cul, merde quoi, comment est-ce possible ?).

Bien sûr, BFMTV ne titre pas de la même manière que nous et insiste sur le fait que 84% des Français condamneraient les « violences » dont le gouvernement prend prétexte pour porter atteinte au droit de manifester et pour renforcer la répression contre un mouvement social auquel il n’a évidemment strictement aucune réponse à apporter. Depuis ce samedi 16 mars, les médias du Capital ne nous auront pas épargné le storytelling antisocial sur les « casseurs », barbares réputés sans foi ni loi, et sans autre but que la destruction (4 mois de manifestations avec des revendications traitées systématiquement par le mépris et une répression hors-norme n’étant jamais considérés comme une cause possible de ces « violences »), et sur les malheureuses victimes de la casse qui auraient « tout perdu », la palme de la manipulation revenant peut-être à un article de La Croix sur les kiosquiers qui va jusqu’à essayer de faire larmoyer le lecteur avec l’histoire d’un enfant privé de la vue des kiosques (qu’il aurait voulu voir par-dessus tout) ou celle d’un kiosquier victime d’un infarctus en découvrant les dégâts à la télé. Aucune allusion aux causes des affrontements et destructions : l’arrogance et la surdité de Macron, la violence policière (dénoncée par l’ONU, le Parlement européen, le Conseil de l’Europe, Amnesty International), les ordres donnés aux flics de s’en tenir à la sécurité de l’Elysée et donc de laisser les Champs sans protection…

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Noyau dur

Quand le ministre Nunez annonce « 10000 manifestants violents » (voir article d’Arrêt sur Images) alors que la préfecture chiffrait à 10000 le nombre de Gilets Jaunes manifestant (voir article de La Croix), on peut en conclure ou bien que tous les Gilets Jaunes sont violents, ou bien que les Gilets Jaunes étaient en réalité bien plus que 10000 ce samedi 16 mars 2019.

Dans Médiapart, on lit que selon un des proches de Macron, la situation « démontre qu’il s’agit d’un noyau dur de 40 000 à 50 000 personnes et que la seule réponse possible est une réponse de sécurité ».
Là aussi, c’est amusant : le « noyau dur » (à 50000, ça commence à faire un gros noyau, quand-même) évoqué excède le nombre de Gilets Jaunes compté nationalement par le ministère : 32 300 (sic).

Bref, quand les Gilets Jaunes sont dans la rue, le gouvernement est à la rue.

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