Le régime spécial de retraite des cheminots serait déficitaire, hurlent les psychopathes macronards pour justifier la casse de TOUS les régimes de retraite par la contre-réforme de Macron. Mais si ce régime est déficitaire, obligeant l’Etat à mettre la main à la poche pour combler le trou (3,3 milliards en 2016, ce qui correspond d’ailleurs à ce que l’Etat a cédé aux riches en remplaçant l’ISF par l’IFI), c’est uniquement parce que des postes de cheminots ont été supprimés et le statut gelé pendant que l’Etat embauchait des contractuels et sous-traitait au privé. Du coup, les cheminots étant moins nombreux, leurs cotisations ne suffisent plus à équilibrer les pensions des cheminots à la retraite. A cause de cette politique idiote de libéralisation (qui nuit à la sécurité et à la qualité du service, comme l’ont prouvé le terrible accident de Brétigny, ou plus récemment celui des Ardennes), le nombre d’agents de la SNCF est passé de 303000 en 1970 à 150000 aujourd’hui, soit deux fois moins d’agents, qui doivent encore cotiser pour les pensions de 260000 retraités. S’il y avait toujours 300000 et quelque agents à la SNCF, leur régime de retraite ne serait pas déficitaire !
C’est donc l’Etat lui-même qui a rendu ce régime déficitaire. Pour retrouver l’équilibre, il suffirait de mettre fin à l’imbécile ouverture à la concurrence et de recruter de nouveaux cheminots. On en a besoin pour avoir un service public efficace et sécurisé. En attendant, il suffirait dans tous les cas de rétablir l’ISF pour financer l’aide d’Etat au régime de retraite des cheminots.
Lorsque les cheminots défendent leur statut, ils défendent l’intérêt général. Lorsqu’ils défendent leur régime de retraite, ils défendent la justice sociale, et leur grève actuelle est un instrument essentiel pour tous les salariés eux aussi en grève pour défendre leurs retraites contre le projet antisocial de retraite à points de Macron.
L’ex-presse peut bien jacasser à nouveau sur les chiffres « en baisse » de la mobilisation après la manifestation du 6 novembre 2010. La Une de ce journal largement distribué auprès des manifestants parisiens sera toujours plus belle que les images montrées par les médias inféodés au pouvoir national-sarkozyste.
Selon la quasi-totalité de l’ex-presse, la mobilisation du 28 octobre pour la défense des retraites a été en très « nette baisse ». Moins de manifestants, moins de grévistes, moins de perturbations, moins de blocages, et même un soutien de l’opinion publique en recul : « selon un sondage CSA publié par Le Parisien, 65% des Français soutiennent cette nouvelle journée d’actions, ce qui représente une baisse de six points par rapport à la précédente mobilisation nationale », assène par exemple le site de l’ex-chaîne de service public France 2. »
« 65% des Français », c’est pourtant une large majorité, de celles dont rêveraient bien des hommes politiques pauvrement élus, tel ce petit président de l’ex-République qui n’obtint misérablement que 53% des suffrages exprimés en 2007 (ce qui représente d’ailleurs moins de la moitié du corps électoral, si l’on prend en compte l’abstention). Mais France 2, dont le patron doit désormais directement son poste à Sarkozy, préfère insister naturellement sur la « baisse de 6 points ».
Sur le site du Parisien (ex-Parisien libéré, qui a raccourci son nom en 1986, probablement par désir inconscient de révéler enfin sa vraie nature), on a droit à la même rengaine, avec en prime un beau communiqué d’Hortefeux (ce ministre condamné en première instance à 750 € d’amende pour injures raciales en juin 2010) :
Quelque 560 000 personnes ont manifesté en France, selon le ministère de l’Intérieur. Il s’agit, selon la place Beauvau, de «la plus faible participation depuis le début des journées de mobilisation en juin».
Ainsi donc le mouvement s’essouffle, la mobilisation s’affaiblit : voilà ce que le gouvernement de l’ex-République et l’ex-presse à l’unisson veulent retenir de cette journée. Sauf qu’à y regarder de plus près, si la mobilisation est « la plus faible » depuis « juin », cela indique justement que le mouvement dure depuis juin ! N’est-ce pas extraordinaire ? A-t-on souvent vu dans l’histoire de France un mouvement social durer tant de mois ? Et 560000 personnes (selon la police) pour la septième journée d’action nationale depuis septembre, ce n’est tout de même pas rien ! En pleines vacances de la Toussaint ! Alors que les salariés ont déjà été éreintés par les manifs et ruinés par les jours de grève ! En plein marasme économique ! 560000 personnes (selon la police) dans les rues malgré le désespoir instillé chaque jour par les media aux ordres de la MAFIA politico-financière ! Malgré les violences policières et les intimidations ! Malgré les difficultés d’approvisionnement en essence (difficultés niées contre toute évidence par l’ex-futur premier ministre Borloo, comme le révélait le Canard enchaîné du 27 octobre) ! Malgré les tentatives de défection de certaines centrales syndicales toujours plus pressées de trouver une porte de sortie « honorable » (sic) que d’accompagner la contestation populaire !
Cut the crap !
Par certains côtés, ce mouvement social est d’une ampleur sans précédent, plus profond même que ceux de décembre 95 ou mai 68. Et sans précédent sont aussi la morgue et le cynisme de ce gouvernement qui s’est engagé dans une véritable guerre sociale.
Un détail ne trompe pas, d’ailleurs : même les hiérarques aujourd’hui si frileux d’un ex-parti de gauche (Harlem Désir, Martine Aubry, Claude Bartolone, Benoît Hamon…) étaient de sortie ce jeudi.
L'ex-PS en goguette
Oh ! Ils n’ont trempé que le bout des pieds dans la marée sociale, bien sûr, mais ils avaient l’air heureux, comme de grands enfants qui s’éclaboussent sans oser se jeter vraiment dans les vagues. D’ailleurs, pas de danger qu’ils en fassent, eux, des vagues. Mais c’était gentil d’être venus. Si ces éléphants-là avaient eu de la mémoire, ils auraient même pu apporter des pelles et des seaux : la plage était sous leurs pieds, il suffisait de creuser.