Populisme

« Quant au prétendu “populisme de droite”, on évitera de recourir à cette expression, qui est trop souvent une façon complaisante de nommer l’extrême-droite. Rhabiller en “populistes de droite” des fascistes, des racistes et des nationalistes, c’est leur faire une offrande inespérée. C’est présenter en “amis de peuple” ses plus farouches ennemis. »

Manuel Cervera-Marzal, Le populisme de gauche,
Sociologie de la France Insoumise, La Découverte, 2021

Fâchés… pas fachos ?

« Les appels du pied aux “fâchés pas fachos” ont-ils porté leurs fruits ? Non. Lorsque les populistes de gauche s’avancent sur le terrain des populistes de droite, les transferts de voix sont au mieux à somme nulle, au pire au bénéfice du Rassemblement national. Au premier tour de la présidentielle de 2017, 4% des électeurs de Marine Le Pen 2012 ont voté Mélenchon, et 4% des électeurs de Mélenchon 2012 ont voté Marine Le Pen. Match nul, donc. Aux européennes de 2019, les instituts de sondage estiment que la proportion d’électeurs de Le Pen 2017 ayant voté pour la liste de Manon Aubry est proche de 0%. A l’inverse, 7% des électeurs de Mélenchon 2017 ayant voté en 2019 ont choisi la liste conduite par Jordan Bardella. On peut y ajouter les 2% ayant opté pour la liste Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan. Cela signifie qu’environ 300 000 personnes ayant voté Mélenchon en 2017 ont migré vers l’extrême-droite aux européennes de 2019, alors que moins de 10 000 personnes ont fait le trajet inverse.

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Démocratie du public

« Les journées d’action du 17 et du 24 novembre ont été suivies par les chaînes d’information en continu dès leur commencement, minute par minute, “en direct” (terme qui est devenu désormais un équivalent de communication à distance d’événements en train de se produire). le samedi 24 novembre au matin, les journalistes étaient plus nombreux que les Gilets jeunes sur les Champs-Elysées. Si l’on compare avec les journées d’action des cheminots du printemps dernier, on voit immédiatement la différence. Aucune d’entre elles n’a été suivie de façon continue et les téléspectateurs ont été abreuvés de témoignages d’usagers en colère contre les grévistes, alors qu’on a très peu entendu les automobilistes en colère contre les bloqueurs.

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Populisme

« Tu ne vas plus tarder à parler du populisme. C’est le populisme qui t’a mis la boule au ventre. Sa montée. Tu disais : la montée du populisme. C’est qu’en 2016 il y avait eu Trump et le Brexit. Tu avais pris le pli un rien paranoïaque — complotiste ? — de ficeler les deux événements, suggérant un ras-de-marée planétaire. Après Trumpetlebrexit, après Orban en Hongrie et son clone en Pologne, l’accès de Le Pen à l’Elysée devenait possible, puisque tous ces phénomènes étaient dûment agglomérables sous le nom de populisme.
Que ce substantif soit devenu un fleuron de ton industrie du prêt-à-nommer est un premier indicateur du fait qu’il ne signifie rien.

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Populisme

« Le concept de “populisme”, si vague et si général qu’il permet d’englober des courants que presque tout oppose (par exemple le Front national et la France insoumise actuellement en France), joue aujourd’hui un rôle de mise en équivalence de l’extrême-droite et de la gauche radicale dévolu autrefois, au temps de la guerre froide, au concept de “totalitarisme”. (…) On se souvient que, lorsque Syriza parvint au pouvoir en Grèce en janvier 2015, Alexis Tsipras fut qualifié de “populiste” par tout ce que l’Europe compte d’idéologues néo-libéraux, voire parfois de “national-populiste”, en raison de la rupture que son parti préconisait alors avec les politiques d’austérité d’une brutalité inouïe imposées à la Grèce depuis 2009. Que ces accusations de “populisme” aient cessé dès la trahison par A. Tsipras du programme sur lequel il avait été élu, démontre s’il le fallait qu’une telle catégorisation — ou du moins l’usage qui en est fait dans le débat public — a (notamment) pour fonction de couvrir d’un même opprobre toutes les forces qui contestent la mondialisation et/ou l’Union européenne, avec des motivations et des objectifs politiques qui peuvent être radicalement opposés. Continuer la lecture de « Populisme »

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