Conscience de classe

« Le peuple ne se voit plus comme tel, la société se croit une collection indistincte d’individus […]. L’oligarchie, elle, a une conscience de classe aiguisée, une cohérence idéologique sans faille, un comportement sociologique parfaitement solidaire. »

Hervé Kempf, L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, éditions du Seuil, Paris, 2011.

En-dehors

« Nous allions voir de jeunes végétariens engager des luttes sans issue contre la société entière. D’autres conclurent : “Soyons des en-dehors, il n’y a de place pour nous qu’en marge de la société”, sans se douter que la société n’a pas de marge, qu’on y est toujours, y fût-on au fond des geôles, et que leur “égoïsme conscient” rejoignait par le bas, parmi les vaincus, l’individualisme bourgeois le plus féroce. D’autres enfin, dont j’étais, tentèrent de mener de pair la transformation individuelle et l’action révolutionnaire (…). »

Victor Serge, Mémoires d’un révolutionnaire (1905-1945), Lux Editeur, Montréal, 2010.

Spectacle

« Tout ce que l’économie t’enlève de vie et d’humanité, elle te le remplace en images et en représentations ; tout ce que tu ne peux pas faire, tu peux en être le spectateur. »

Baudouin de Bodinat, La vie sur terre
(Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes)
,
éditions de l’Encyclopédie des nuisances, 1996.

La fraternité

“La fraternité, cette fraternité des classes opposées dont l’une exploite l’autre, cette fraternité proclamée en février [1848], écrite en majuscules, sur le front de Paris, sur chaque prison, sur chaque caserne – son expression véritable, authentique, prosaïque, c’est la guerre civile, la guerre civile sous sa forme la plus effroyable, la guerre du travail et du capital.”

Karl Marx, Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1852.

1918-2018

“Mesurons ce que fut cette guerre : 48 millions d’obus ont été déversés sur Verdun ; avec ce qu’a coûté le conflit, une petite maison avec un jardin aurait pu être offerte à chaque citoyen des pays belligérants…”

Jacques Tardi, Interview dans l’Humanité, 10 novembre 2008.

La paix est un problème social

“La guerre est bien sûr observable tout au long de l’histoire humaine, mais la constatation n’est pas aussi triviale qu’il y paraît. Elle mène beaucoup plus sûrement que les généralités tardives de Freud sur l’instinct de mort à une formalisation simple et efficace de l’un des problèmes fondamentaux de l’espèce. La cohésion du groupe dépend de l’hostilité à d’autres groupes. Moralité interne et violence externe sont fonctionnellement associées. Toute chute de la violence externe menace donc à terme la moralité et la cohésion interne du groupe. La paix est un problème social. (…)

Les sociétés humaines ont, certes, des caractéristiques intrinsèques : système économique, structures familiales, croyances religieuses, organisation politique. Mais aucune ne peut être conçue et décrite sans des référents extérieurs qui contribuent non seulement à la fixation de ses caractéristiques dans un long jeu d’influences réciproques ou de rejets, mais qui permettent aussi sa cohésion interne, la mobilisation d’une solidarité du groupe contre un “autre” extérieur ou intérieur. Il n’existe aucune identité absolue : l’identité d’un groupe, dans l’espèce homo sapiens, est toujours relative.”

Emmanuel Todd, Où en sommes-nous ? Une esquisse de l’histoire humaine, Seuil, 2017.

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