Violence

“L’enchaînement d’événements et de faits, de paroles et de trahisons qui ont composé le début du mandat de Macron ont donné naissance, en réaction, à un raisonnement non-discursif qui a amené à une violente réclamation d’approfondissement démocratique qu’aucun membre de notre “élite” n’a pourtant accueillie, se contentant de la renvoyer, contre toute évidence, à une recherche d’autoritarisme qu’ils étaient les seuls à alimenter. Alors que depuis des années les plateaux télévisés s’emplissaient de débats humiliants prenant pour cible des minorités instituées en boucs émissaires, tournée infinie sur autant de sujets dégradants chargés de distraire le peuple, les gilets jaunes se sont constitués dans la dignité. Les intellectuels et politiciens de gauche, satisfaits jusqu’alors de l’écrasement de la question sociale, se seront montrés frileux tout au mieux, inquiets le plus souvent, faisant planer une menace d’extrême-droite que seule nourrissait leur pusillanimité. Ceux de droite et les inconscients de la Macronie se seront réfugiés dans une pulsion d’ordre, propulsant de vaines tentatives qui de Place Publique à des listes de gilets jaunes en passant par des grands débats atrophiés, pures opérations de propagande visant à court-circuiter toute intermédiation démocratique afin d’écraser la contestation, permettraient d’intégrer la contestation, permettraient d’intégrer ce mouvement à l’existant. (…)

Toute violence est l’expression d’une défaillance politique, c’est-à-dire de la gestion de la conflictualité. Or ce qu’il s’agit maintenant d’exposer, c’est que cette défaillance est le fruit d’un asservissement de nos élites à leur intérêt. Elle est le fruit de mille compromis, manipulations et opérations diverses qui seront apparus à tous, dans l’instant, insignifiants, et auront pourtant débouché sur une crise démocratique majeure, qui ne fait que commencer.

Cette violence, que tant exigent aujourd’hui de condamner, est de leur responsabilité, et doit leur être retournée.”

Juan Branco, Crépuscule, Editions Au diable vauvert, 2019

Auteur/autrice : Serge Victor

Militant de gauche, écosocialiste, féministe, autogestionnaire

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