Erreurs novatrices

« Plus un savoir est diffusé sur un grand nombre de gens, plus grande est la probabilité d’en voir émerger un nouvel usage intellectuel ou pratique. Le grand nombre d’instruits joue-t-il aussi un rôle dans l’apparition des innovations ? Oui. Voici comment. Les innovations dépendent à la fois des savoirs accumulés antérieurs et des déductions à partir d’eux. Mais elles dépendent aussi d’erreurs d’apprentissage, de hasards d’exécution, d’expériences bizarres. La probabilité de voir cela se produire est plus grande dans un groupe plus nombreux. Les observations d’archéologie confirment le lien entre l’évolution de la taille des populations ancestrales et les changements majeurs des techniques utilisées. Plus on est nombreux, plus il y a de chances de faire mieux. Une leçon valable dans de nombreux domaines. »

Jean-Luc Mélenchon, Faites mieux !
Vers la révolution citoyenne
, Robert Laffont, 2023

Pas franc tireur

Au détour d’une controverse sur Twitter à propos du Média et de Frustration dont il réclamait stupidement et méchamment l’arrêt, un type se faisant appeler « Gaston Crémieux » (je préfère nettement l’original), auteur pour le torchon de droite Franc-Tireur (où sévissent grâce à l’argent du milliardaire Kretinsky des phares de la pensée comme la plagiaire Caroline Fourest, le troll crypto-lepéniste Raphaël Enthoven ou Christophe Barbier, l’écharpe de plateaux télé), m’a mis sous le nez un thread de son crû censé prouver l’antisémitisme de Mélenchon et de la FI. D’abord amusé par l’obsession du bonhomme pour « l’autocritique », puis affligé par la somme d’accusations pourries qui, selon la loi de Brandolini, prendrait plus de temps à être réfutées qu’à être énoncées, je me suis finalement pris au jeu. Pour le fun. Alors que par ailleurs y a plein de trucs qui m’énervent chez JLM, hein.

C’est parti pour un examen point par point des « arguments » de « Gaston Crémieux ».

« 1/L’exemple vient de haut avec la dérive de @jlmelenchon lui-même: en 2014, il dénonçait déjà à l’occasion d’une intervention israélienne à Gaza les « communautés agressives qui font la leçon au reste du Pays » (à 36’46) visant ici la communauté juive. »

Les institutions se proclamant représentantes de la communauté juive en France sont depuis plusieurs années des soutiens et des relais inconditionnels du colonialisme israélien, et même de la droite extrême israélienne. Mélenchon est en droit de critiquer ce fait, bien analysé par exemple dans cet article de Jean Stern

Il n’y a rien d’antisémite là-dedans. 

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Vote

« (…) On consent individuellement à l’autorité même si on n’est pas d’accord. Il en est ainsi parce qu’on pense la décision légitime. Et elle est légitime parce qu’elle résulte d’une décision collective, qui est prise par un vote. »

Jean-Luc Mélenchon, De la Vertu, Editions de l’observatoire, 2017, page 8

Esprit de victoire ?

« Esprit de victoire » ?
N’en déplaise au néo-supporter (de très très fraiche date) Mélenchon, qui traite de « pisse-vinaigres » ceux qui  — comme lui-même il n’y a pas si longtemps !— trouvent que le foot-spectacle est « l’opium du peuple », qui ne sont « pas très footeux« , et que ça a « toujours choqué de voir des RMIstes applaudir des millionaires », on peut — sans la mépriser aucunement ! — voir dans la liesse populaire suscitée par la victoire de l’équipe de France de football autre chose qu’un « esprit de victoire » : un exutoire.
Il y aurait tant à dire sur les besoins de défoulement d’une jeunesse confinée dans une vie de merde sans horizon et à qui il ne reste que le foot (et encore : une victoire tous les 20 ans !) pour se sentir (enfin, et très provisoirement) membre d’un collectif, pour vibrer en s’identifiant à de jeunes athlètes issus des mêmes quartiers qu’elle (avec tout ce que cela induit de projection et de fantasmes de « réussite » pour ceux à qui elle reste, pour la plus grande masse, structurellement interdite). Que d’énergies couvent dans cette cocotte-minute d’hormones adolescentes, de chaleur estivale, de désœuvrement, d’ennui, de violence sociale et de flicage raciste (à l’occasion de la finale de la coupe du monde, la RATP et la préfecture avaient tout bonnement interdit aux banlieusards d’Ile-de-France de se joindre à la fête !). Dès lors, il n’est guère étonnant que la casse et la violence aient ponctué la liesse, sous le regard voyeuriste des médias du Capital (et la fRance raciste obligée de faire profil bas le temps de la victoire d’une équipe nationale pas assez « européenne », c’est-à-dire « blanche », à son goût, y trouvera bien sûr de nouveaux prétextes à vomir sa haine des bronzés). Continuer la lecture de « Esprit de victoire ? »

Dominique Vidal patauge à nouveau dans l’anti-mélenchonisme primaire

Il y a plus d’un an, je m’étais déjà frotté à la mauvaise foi de Dominique Vidal sur le réseau antisocial Facebook. Mais voici que cet éminent journaliste récidive. Ayant publiquement comparé Mélenchon au néo-fasciste italien Salvini, à partir d’une phrase qu’il a lue de travers, et comme je lui expliquais le contre-sens qu’il avait commis, il m’a « bloqué » sur Facebook (procédé dont il use et abuse pour faire disparaître les contradicteurs qui le poussent dans ses retranchements). Manque de bol : ce blog me permet de lui donner néanmoins publiquement la réplique sans qu’il puisse me censurer.

Il est paradoxal qu’il me faille à nouveau défendre Mélenchon contre les calomnies de Vidal. Car en réalité, même si j’ai milité activement pour JLM lors de sa campagne de 2017, je suis actuellement en désaccord profond avec lui au sujet de l’organisation « gazeuse » de la France Insoumise (par exemple, je ne vois pas comment on peut défendre de façon crédible devant les citoyens un projet de 6e République démocratique avec un mouvement au fonctionnement aussi peu démocratique). Mais ce désaccord, qui n’est pas mince et me fait d’ores et déjà me sentir plus à l’aise dans des collectifs type « Fête à Macron » que dans la France Insoumise, ne saurait me pousser à rejeter JLM dans des limbes crypto-fascistes ni à lui attribuer des positions qui ne sont pas les siennes. Or, c’est exactement ce que fait, contre toute vraisemblance, Dominique Vidal.

Voici donc ce que Vidal a posté sur Facebook :
Dans la citation que fait Vidal d’un billet de blog de Mélenchon datant du 29 mai 2018, JLM évoque une « situation » : la crise au sommet de l’Etat italien lorsque, sur pression de l’Allemagne et des marchés, le président de la République italienne Sergio Matarella a refusé le candidat anti-euro proposé pour le poste de ministre de l’économie par la coalition formée par le M5S et la Lega (formations populistes et xénophobes), et que le premier ministre pressenti, Giuseppe Conte, a dans un premier temps jeté l’éponge, refusant de se plier au diktat du président Matarella, qui a du coup nommé à la tête du gouvernement Carlo Cotarelli, le très austéritaire « Monsieur Ciseaux » de l’ancien gouvernement Letta. A cette date, JLM ne sait donc pas encore que deux jours plus tard, le 31 mai, un accord sera finalement trouvé entre le président Matarella, le M5S et la Lega, pour un nouveau gouvernement Conte, écartant du même coup l’hypothèse (sinon inévitable) d’élections anticipées qui avaient toutes les chances de voir le M5S et la Lega renforcer encore davantage leur score (c’est en tout cas bien la crainte exprimée par JLM : « Mais en cas de retour aux urnes, tous les observateurs concluent que ce sera un raz-de-marée pour les deux partis rebaptisés “antisystème”. C’est-à-dire une situation pire que celle que déplorent “la plupart des observateurs européens” cités par Le Figaro« ). Continuer la lecture de « Dominique Vidal patauge à nouveau dans l’anti-mélenchonisme primaire »

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