Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA Musique : Geoffroy, Siegfried G Musiciens : Geoffroy : sitar Siegfried G : épinette, guitare, programmation basse batterie & percussions
Nous sommes en 2006. Tu publies ta première contribution à une « orgie sonore » de MCP (c’est-à-dire Mon Cul Prod, mais aussi Ma Courge Prolifique, Monstrueux Cerveaux Polymorphes, Mange Ces Pissenlits, Mon Caniche Propre, ou encore Mega Caca Popo…) : « Bollywood Chewing-gum », produit à partir de « Shankar : Biture à Bénarès » de Geoffroy, qui donnera lieu notamment à deux dérivations :
Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA Paroles : extraites par Maniaxmemori de “Brooklyn Movements” par Da Bush Babees (Jamahl Hana, Acklins Dillon, Harold Lee, Salaam Remi) Musique : Geoffroy, Siegfried G, Maniaxmemori, Da Bush Babees (Jamahl Hana, Acklins Dillon, Harold Lee, Salaam Remi) Musiciens : Geoffroy : sitar Siegfried G : épinette, guitare programmation basse batterie percussions maniaxmemori : programmation hip hop
Paroles :
J’ai longtemps aimé
Regarder les trains bondés passer
Les trains passer
J’aurais peut-être dû
Y monter
… mais j’n’ai jamais osé
J’ai vu tant de visages
Des jeunes, des vieux, des pervers, des sages
Des sages
J’aurais bien voulu leur parler
Mais les vitres
… étaient toujours fermées
Assis sur mon banc
Je me demandais souvent si les gens
Les gens
Savent réellement où ils vont
Quand ils
… défilent comme des moutons
Tous ces visages… fugaces
N’ont laissé… aucune trace
Ils n’ont fait que passer
Sans savoir
… que je les regardais
J’ai fini par monter
Au hasard dans un de ces trains bondés
Bondés
Mais depuis lors je ne fais
Que regarder
… les gens sur le quai
Tous ces visages… fugaces
N’ont laissé… aucune trace
Ils n’ont fait que passer
Sans savoir
… que je les regardais
Nous sommes en 1995. Ce mitan de décennie est marqué pour toi par la mélancolie. Comme aurait dit Gramsci, « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ». Tu ne distingues pas encore bien les monstres. Tu redoutes même qu’en guise de monstres il n’y ait que le vide. Mais tu vois tout à fait ce qui, du vieux monde, se meurt, ou est déjà mort :
Morceau diffusé au titre du droit à la parodie Extrait de l’album « Place au peuple » (2012) de Psychonada Paroles et musique : Philippe Katerine (titre original : « Louxor j’adore ») Texte parodique : Siegfried G Siegfried G : voix, guitare, batterie
Paroles :
J'adore
Regarder voter les gens
J'y retourne souvent
Dans les isoloirs
Regarder voter les gens
J'adore j'adore j'adore j'adore j'adore
Les institutrices, puéricultrices, administratrices, dessinatrices, les boulangers, les camionneurs, les policiers, les agriculteurs, les ménagères, les infirmières, les conseillères d'orientation, les chirurgiens, les mécaniciens, les chômeurs…
J'adore
Regarder voter les gens
Et de temps en temps
Je coupe le chon
Et je re-Mélenchon
Je coupe le chon
Je re-Mélenchon
Je recoupe le chon
Et attention
Je re-Mélenchon
J'adore
Les gens arrêtent de déprimer
Ils recommencent à espérer
Ils se mettent à manifester
Et les choses vont enfin bouger
Alors je leur dis battez-vous
Rien n'est à eux tout est à nous
Tout ce qu'ils ont ils l'ont volé
Nous allons tout récupérer
J'adore
Regarder voter les gens
Ah je trouve ça fascinant
Dans les isoloirs
Regarder voter les gens
Oh
j'adore j'adore j'adore j'adore j'adore
Je coupe le chon
Je re-Mélenchon
J'adore
J'adore
J'adore
J'adore
Je coupe le chon
Nous sommes en 2012. Tu prends ta douche avant d’aller au boulot, en écoutant Patrick Cohen sur France-Inter. Ce n’est pas que tu sois fan de Patrick Cohen, mais tu as gardé l’habitude d’écouter la radio de service public où subsistent encore quelques ilots de pensée critique, et tout bien considéré, la flagornerie de Patrick Cohen envers les puissants et son mépris pour les syndicalistes et les représentants de la gauche radicale éveillent en toi une colère qui te donne un coup de fouet salutaire le matin pour aller au turbin. Mais cette fois, ce n’est pas la colère mais la stupeur que déclenche en toi Patrick Cohen en lançant, rigolard, une séquence sur la campagne présidentielle en cours. Une intro de batterie sonne familièrement à tes oreilles avant qu’un riff de guitare ne confirme que c’est bien ta propre musique que tu entends à la radio. Habitué des audiences très confidentielles du petit monde de la musique libre et des concerts amateurs, tu n’as pas vraiment pour habitude de t’entendre sur une station radio nationale. Ça fait un choc.
Morceau diffusé sous licence Creative Commons BY-NC-SA Extrait de l’album “Particules” (2005) Paroles et musique : Siegfried G Benoît D : basse Sébastien G : guitare Stéphane P : guitare Nathalie R : choeurs Siegfried G : voix, guitare, clavier, programmation, mix
Paroles :
Faut-il pour être honnête
S'envoler par la fenêtre
Pour s'envoyer en l'air
Boycotter
Les escaliers
Les pieds en bandoulière
Le pinceau, l'échelle au vestiaire ?
Braver la gravité
C'est con mais qui accuser
Quand la vie quotidienne
A le défaut D'être au niveau zéro
Vue du troisième A l'approche de la trentaine
Comme du haut de la roche Tarpéienne
Comme du haut de la roche Tarpéienne...
Nous sommes en 2001. Tu es entre deux mondes : celui d’une grosse décennie d’excès, d’autodestruction (créatrice, dirait ce farceur de Schumpeter), de névroses, de chagrins, dont tu peines encore à te dépêtrer ; et celui de la décennie suivante, plus apaisée, plus responsable (il faut dire que ce petit être hurlant qui te prendra le petit doigt pour le téter, avant même de rencontrer le sein de sa mère, te ramènera vite sur terre, mais il te reste encore deux ans pour accomplir cette mue). Ton lieu de vie porte encore les stigmates de la décennie précédente. C’est pas Las Vegas Parano, mais c’est pas loin.
Dans les années 50 et 60, les Lettristes et les Situationnistes pratiquaient « la dérive » dans le cadre de ce qu’ils nommaient « psychogéographie ». Il y a quelques années, j’avais eu l’idée de détourner le concept en substituant à la dérive urbaine qu’ils pratiquaient une dérive virtuelle le long de mon propre parcours « artisanal » (mot que je préfère à « artistique ») plutôt que dans un espace urbain. Au lieu de présenter mes productions au public uniquement de façon habituelle par date de diffusion ou regroupement thématique, je prévoyais de les présenter aussi sur un blog de façon aléatoire, invitant l’internaute à se mettre dans ma peau dans différentes situations, à travers des œuvres et la description de mon état d’esprit au moment de leur création, chaque nouvelle connexion ou nouveau clic sur « situation suivante » devant générer l’apparition aléatoire d’une nouvelle situation. Je comptais utiliser aussi les liens hypertextes à l’intérieur des posts pour tirer partie de la sérendipité et accentuer les possibilités de dérive à l’intérieur de ce qui serait devenu, au fil des publications, un vaste labyrinthe recelant toujours quelque chose d’inédit.
Le projet pouvait paraître narcissique mais avoir l’audace de présenter au public ce qu’on a fait l’est forcément un peu, de toutes façons. Et le côté « vis ma vie », pouvant aussi être pris pour un ironique pastiche de télé-réalité, me semblait ludique. C’était sans compter le temps que nécessite pour un profane la construction d’un site internet avec beaucoup de contenu, site au demeurant visité exclusivement par ma mère et un ou deux potes, je pense (celles ou ceux qui ont réussi à mémoriser le nom à coucher dehors du label ne courent pas les rues). Mais l’architecture de blog WordPress me permet tout de même à présent d’approcher un peu de l’idée originelle.
Bonne dérive, donc, à celles ou ceux qui voudront s’aventurer dans ce labyrinthe… (on en part quand on veut et on peut y revenir à tout moment). Si tout le blabla vous gave, écouter simplement la musique reste aussi une option.